A chacun d'assumer ses responsabilités

Soraya Hélou

 

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Avec chaque nouveau développement sur le terrain, la Turquie s'enfonce un peu plus dans la crise syrienne et dans la confusion interne. Les rêves ottomans du Premier ministre Erdogan et de son parti de devenir le leader du monde arabo-musulman après avoir pris le contrôle de la Syrie sont en train de s'envoler en fumée. Aujourd'hui, la Turquie si fière d'avoir établi de bonnes relations avec son environnement au cours de la dernière décennie, a des divergences profondes avec l'Iran et l'Irak et elle est au bord de la guerre avec la Syrie, une guerre dont elle n'a visiblement pas les moyens.

 

Depuis le début de la crise syrienne, la Turquie d'Erdogan et de Davutoglu (le puissant ministre des affaires étrangères) a fait preuve d'une grande légèreté et d'un manque de connaissance du régime qui lui a ouvert les portes de la Syrie. La Turquie s'est ainsi empressée de parrainer l'opposition syrienne et de miser sur la chute rapide du régime d'Assad. Ce sont les services de renseignements turcs qui se présentaient comme les mieux informés sur la Syrie qui ont ainsi inondé les chancelleries occidentales d'informations sur la fragilité du régime, sur la faiblesse prétendue du président Bachar Assad et sur le rôle supposé de son frère Maher, jusqu'alors inconnu des médias occidentaux. Les responsables turcs se sont ainsi présentés comme les tuteurs de l'opposition, prenant un ton menaçant avec le régime syrien, comme s'ils étaient réellement les décideurs en Syrie.

 

C'est la Turquie qui a ainsi supervisé la naissance du Conseil national syrien d'opposition ainsi que celle de l'Armée de Syrie libre dont elle a abrité le commandement jusqu'à très récemment.

C'est aussi la Turquie qui contrôle le passage des vivres et de l'essence vers la zone de Aazaz au Nord de la Syrie (Que serait-ce alors pour les armes !). Sans elle, les membres de l'opposition installés dans cette zone ne pourraient pas tenir quelques heures, puisque même les soins médicaux viennent de Turquie. C'est dire que depuis le début de la crise syrienne, la Turquie n'a pas cessé de s'ingérer dans les affaires internes de ce pays, commençant par soi disant des conseils au régime avant de prendre des initiatives concrètes via l'opposition politique et armée pour le renverser. Et avec cela, lorsqu'un obus de mortier tombe sur le territoire turc en provenance de Syrie, les responsables turcs s'empressent de dénoncer « l'agression syrienne ».

 

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Comment toutefois appeler les interventions directes et indirectes de la Turquie dans la crise syrienne ? N'est-ce pas une agression contre le régime et contre les Syriens en général ? Pour l'instant, rien ne prouve encore que l'obus a été tiré par les forces du régime volontairement contre le territoire turc, mais même s'il l'était pourquoi condamner une réaction somme toute naturelle, alors que la Turquie, elle, ne se prive pas d'agresser régulièrement la Syrie et de violer l'intégrité de son territoire, sous prétexte tantôt de pourchasser les indépendantistes turcs et tantôt d'aider l'opposition qui aspire à la démocratie ? Cette attitude ambigüe ne trompe plus personne et les violentes protestations de la Turquie contre ce que ses responsables qualifient « d'acte de guerre syrien » ne peuvent plus cacher la réalité. L'agresseur est évidemment la Turquie et la victime la Syrie. Les obus de mortier en provenance de Syrie ne sont donc soit qu'une erreur, soit une réaction à l'agression permanente dont le pays est la victime. Et si aujourd'hui, les deux pays hier encore alliés sont au bord de la guerre, c'est bien à cause de l'attitude de la Turquie à l'égard de la Syrie, qui a transformé la région frontalière en base arrière d'appui contre le régime d'Assad. Toutes les menaces du monde, ainsi que les déclarations internationales musclées contre le régime syrien ne changeront rien à cette réalité. A chacun d'assumer ses responsabilités.

 

 

http://www.palestine-solidarite.org/analyses.Soraya_Helou.061012.htm

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