L’après-Merkozy
Sergueï Gouk
On prédit à Angela Merkel la solitude au sein de l’UE. Les médias européens sont formels : Nicolas Sarkozy, le grand allié de Berlin, sera obligé de quitter l’Élysée. L’avènement de François Hollande, le leader du PS, est en revanche attendu avec impatience dans le sud de l’Europe dans l’espoir qu’il aidera à se débarrasser de la ruinante « politique d’austérité » imposée par l’Allemagne.
On ignore toujours qui dirigera les futurs gouvernements aux Pays-Bas et en Grèce. Les gouvernements conservateurs de Roumanie et de Slovaquie un subi un fiasco total. En Allemagne même, la chancelière dépend désormais du SDPD dont les voix sont indispensables pour faire passer par le parlement le pacte budgétaire. La situation politique est loin d’être favorable à Merkel.
François Hollande n’a pas du tout l’intention de s’opposer ni au pacte budgétaire, ni au gel de la dette publique, - a assuré à la fin de la semaine Sigmar Gabriel, leader du SDPD et son compagnon d’idées allemand. D’ailleurs, le socialiste lui-même a baissé le ton. Pour lui il ne s’agit plus de revoir le pacte budgétaire, ce que Berlin rejetait dès le début, mais d’y incorporer seulement la clause de la croissance économique à défaut de quoi l’austérité devient un but en soi.
Merkel n’a aucune objection à soulever à ce sujet parce que toute est question de stratégie qui doit être choisie pour assurer la croissance future. De nombreux partenaires de l’UE proposent de relâcher quelque peu la discipline budgétaire, de faire de nouveaux emprunts pour ranimer la conjoncture et invitent la BCE à faire marcher temporairement la planche à billets. Mais les recettes de ce genre ne conviennent pas du tout à Berlin. Les Allemands exigent de leurs partenaires la fidélité aux engagements antérieurs qui consistent à réduire le déficit budgétaire, le montant de la dette et à s’abstenir de nouveaux emprunts.
L’axe Berlin Paris est soumis à l’épreuve de solidité économique. Le socialiste Hollande est adepte de l’idée d’émission de bons de trésor européens uniques qui est rejetée en bloc par les Allemands. Les nouveaux titres sont appelés à aider les pays débiteurs membres de l’EU dont la France, d’obtenir des crédits à des conditions avantageuses en utilisant comme nantissement la note toujours élevée dont peut se prévaloir l’Allemagne. Dans ce cas, les Allemands devraient faire des concessions au profit de la « communauté des débiteurs ». Or, ils ne veulent pas du tout servir de donneurs financiers. Les relations bilatérales, sont-elles en train de se refroidir ? Quel impact cela peut-il avoir sur la zone euro? Voici le commentaire de l’historien et diplomate Valentin Faline :
" Si l’axe il y avait, il s’incurvait en direction de Paris qui recevait de l’Allemagne plus d’avantages que de désavantages. N’oublions pas que l’Allemagne avait payé la plus grande partie des réformes dans le cadre de l’UE et que sa contribution à la caisse européenne commune reste toujours supérieure en termes du PIB que celle de tout autre pays. La cuisine intérieure française sera mise à l’épreuve les cent premiers jours. Il est possible que le nouveau président français, peu importe son nom, ait un jour envie de mettre en œuvre une partie de rhétorique qu’il utilisait pendant la campagne.
Mais la France n’est pas précisément le pays qui préconise les mesures d’austérité. Elle n’est pas seule non plus à insister sur le soutien de la croissance de l’économie européenne. C’est pour cette raison que ne vois aucun motif de querelle avec Berlin ".
Merkel elle-même a déclaré avec un pragmatisme tout ce qu’il y a de plus allemand qu’elle allait juger Hollande « d’après ce qu’il fera après l’élection et non pas d’après ce qu’il disait avant ».

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