Table ronde à Nanterre – Islamophobie : enseignements

Omar Mazri

 

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Introduction

 

Observateur du monde musulman et partisan du Tamkine Dine Allah par le Tamkine de la communauté musulmane, qui ne se fait pas en opposition avec les autres confessions ni avec les autres croyances ou philosophies, puisque la différence est une réalité objective voulue par Allah, j’ai projeté d’organiser un débat sur l’Islamophobie. À ce titre j’ai écrit un livre « Islamophobie : Deus Machina » qui venait s’ajouter à d’autres réflexions que je n’ai pas reprises, leur donnant le temps de murir davantage. Dans presque tous mes livres et en particulier « La République et le voile » et « le dilemme arabe et les dix commandements US », l’accent est mis sur quelques manifestations de l’Islamophobie dans la lutte contre l’émancipation de la femme musulmane en France et dans la récupération des révolutions arabes par l’entrée en jeu des ‘islamo otanesques’ et des infantilismes islamiques émotionnels et convulsifs qui agissent par haine et par aveuglement. Il était question de faire publier le second tome sur l’Islamophobie et d’aborder d’autres aspects, mais la campagne présidentielle de 2012 nous a mis devant une urgence et une réalité incontournable : les jours à venir seront davantage difficiles.

 

Les épreuves qui nous attendent, si nous faisons l’extrapolation du passé et de notre incapacité à répondre à ce passé, s’annoncent difficiles. Elles sont dans l’ordre des choses, celui de la Sunna du Tamhis dont nous rejetons l'inévitable et irrévocable échéance :

 

{Et ces jours, Nous les Alternons parmi les hommes, afin qu’Allah Voit ceux qui sont devenus croyants, qu’Il Prenne des témoins d’entre vous — Allah n’Aime point les injustes — et pour qu’Il Purifie ceux qui sont devenus croyants} Al ‘Imrane 141

 

Allah est Omni-voyant ! Le verset signifie qu’il rendra visible et lisible nos actes s’ils sont sincères dans le terme qu’Il a voulu et après l’épreuve et non selon nos souhaits qui ne prennent pas compte du Dessein d’Allah ni de la globalité des facteurs historiques, psychosociaux, idéologiques et autres. L’énoncé coranique qui vient juste après confirme cette loi divine, que nous l’acceptions ou que nous la refusions, que nous soyons majorité arrogante ou minorité humble et opprimée :

 

{Ensuite, après le souci, Il a fait Descendre sur vous une sécurité : un sommeil qui enveloppa un groupe d’entre vous. Tandis qu’un autre groupe : ils se souciaient d’eux-mêmes, et pensaient d’Allah autre que la vérité : des pensées préislamiques. Ils disaient : “Sommes-nous pour quelque chose en cela ?” Dis : “Toute l’affaire dépend d’Allah”. Ils cachent en eux-mêmes ce qu’ils ne te manifestent point. Ils disent : “Si nous avions une part dans l’affaire, nous ne serions pas tués ici même”. Dis : “Eussiez-vous été dans vos maisons, ceux pour qui il a été décrété d’être tués auraient surgi sur leur couche”. Et cela, afin qu’Allah éprouve ce qui est dans vos poitrines, et purifie ce qui est dans vos cœurs. Allah Est Tout-Scient de l’essence des pensées.} Al ‘Imrane 154

 

La loi du Tamhis, la mise en épreuve et la purification pour le salut dans ce monde et dans l’autre, se manifeste devant nos yeux dans cette campagne, et il est du devoir de tout croyant, de tout humaniste, de tout républicain, de tout démocrate, de tout homme épris de dignité et des droits de l’homme de dire non ! Au-delà de la simple indignation et dénonciation. Il doit participer avec nous dans ce combat contre ceux qui nous discriminent, nous assassinent et nous excluent alors que nous sommes un potentiel de bien pour eux-mêmes. J’ai donc proposé cette table ronde à laquelle j’ai apporté en préliminaire un cadre de travail et des pistes sous le titre de synoptique de l’Islamophobie. Ce synoptique était une proposition de travail que ma conscience et mes limites de compétences ont cerné. Reprenant une partie de mon livre, j’ai ouvert d’autres pistes que je n’avais pas consignées dans ce dernier ni dans celui qui était en écriture.

Mon parcours de vie a fait de moi un homme qui dit sans complaisance, sans mensonge sans prétendre détenir seul toute la vérité. Le temps n’est pas aux félicitations des uns et des autres pour avoir accompli leur devoir, mais aux questionnements pour améliorer, compléter et continuer. La qualité et la permanence de cet engagement font partie du Tamhis, celui des participants et le mien, même si j’ai blessé l’égo au lieu de le flatter.

 

Plan symbolique :

 

Forte participation de personnalités d’horizons, de confession et d’âges divers prouvant que le vivre ensemble est possible, il suffit de le vouloir, il suffit de transcender les différences sans les gommer, et d’accepter de chercher un dénominateur commun qui fédère. Pour trouver ce dénominateur, la table ronde n’a pas eu le temps d’aller au fond du problème : où situer le véritable clivage, avec quels partenaires et avec quelle grille de lecture analyser la réalité et la partager pour faire reculer les lignes de l’Islamophobie dans une marche en ordre serré sans dispersion ni confusion entre le principal du secondaire ou entre le levier et l’effet.

 

Mesures de préparation et d’accompagnement

 

Le moment fort de cette journée du 13 MAI à Nanterre a été dans le concours organisationnel et logistique de la Maison de la Fraternité et du Mouvement pour la citoyenneté et la diversité. En conjuguant fraternité, citoyenneté, diversité et les sous entendus passés et présent de Nanterre. Ce moment avec ses mots évocateurs était notre message emblématique pour un vivre ensemble sur les décombres de la haine, de l’oppression si nous parvenions à porter plus haut, plus fort, plus loin et avec plus de participation cette rencontre sur l’Islamophobie et les symbolums que nous voulons cultiver et partager contre les diabolums des agents sionistes et impériaux fabricant de l’Islamophobie, mais aussi contre les imposteurs et les instrumentalistes de l’Islam et de la communauté qui travaillent en réalité pour leur propre agenda. Tout travail, toute organisation et tout don qui s’inscrivent dans la culture du Falah coranique ne peuvent que porter de l’ombre à la culture de l’enjolivement des idoles, de l’humiliation des idées et de la quête opportuniste de la réussite sociale et du succès mondain. Chaque fois que les humbles font l’effort de donner et de s’impliquer ils dévoilent les notables qui prennent sans s’investir autre que pour leur gloire ou pour l’agenda des donneurs d’ordre qui les mettent sous les feux de la rampe.

 

Il faut souligner la mise au premier plan mérité de l’élément féminin qui a organisé cette table ronde. Ce rôle est difficile quand on sait que la table ronde est entourée de fortes personnalités et des intentions divergentes. L’élément féminin musulman a donc apporté la détraction symbolique à ceux qui nous traitent de misogynes et nos femmes de sac à patates soumises et incultes. Cet élément féminin, manifesté par la contribution généreuse et bénévole de braves femmes anonymes de Nanterre a apporté la conjugaison de la francité, de l’Arabité et de l’Islamité dans l’hospitalité et la convivialité de la rencontre. Il faut être un sans cœur pour ne pas voir cet engagement féminin comme un appel du cœur qui se propose de se sacrifier pour l’avenir de ses enfants et pour la fierté de son appartenance à la communauté musulmane de France pour promouvoir une élite digne de les représenter. Ce qui est dit sur Nanterre peut être redit à l’identique sur d’autres lieux de présence de la communauté musulmane.

 

Le choix de la salle municipale la Fontaine est un choix judicieux car il combinait deux autres symboles dans l’acte de résistance contre les machinations diaboliques de l’Islamophobie :

 

  1. La rencontre de la Communauté avec la Commune et leurs sous entendus étymologique d’ensemble, de partage, d’unité, de mise en communs…
  2. L’évocation de la fable de la fable de la Fontaine « les animaux malades de la peste » qui synthétique le processus de victimisation, de bouc émissaire, de sacrifice pour conjurer un problème structurel de société fondée sur la loi du plus fort et du plus rusé.

 

 

 

Ordre du jour

 

11H 14H30 - Faire connaissance autour d'un repas

14H30 14H35 - Ouverture de la table ronde : Objectifs et symbolique

14H35 15H30 - Prise de parole individuelle de 5mn chacun : présentation de soi et de sa vision sur l'Islamophobie

15H30 16H - Propositions libres au tableau de sujets, de thèmes, d’évocation de problèmes ou de solution

16H00 16H30 - Traitement et enrichissement des données recueillies : groupement des thèmes, mise en séquence et en réseau

16H30 16H45 - Pause, vente dédicace livres

16H45 17H - Adoption des thèmes de travail

17H 17H10 - Choix, scénario et composition des groupes de travail selon un des scénarios adopté par la table ronde

Scénario 1 : constitution de groupes par choix individuel sur des thèmes préférés

Scénario 2 : maintenir un seul groupe de travail sur des thèmes précis

17H10 18H00 - Travail collaboratif en commissions et élaboration des propositions préliminaires : actions et idées à développer…

18H 18H30 - Synthèse des travaux ou des propositions des commissions ad-hoc

18H30 18H40 - Adoption des conduites à tenir pour donner suite planifiée à ces travaux préliminaires et aux groupes constitués

 

 

Il s’agissait de réaliser un brainstorming dont la finalité était de produire le maximum d’idées et de propositions comme initiation au travail collaboratif qui devait naitre pour faire face à la complexité de l’Islamophobie et des moyens d’actions. L’ordre du jour serré était un ordre de bataille qui consistait à enrichir dans la foulée le synoptique sur l’Islamophobie, de faire des propositions et de mettre en place des commissions de travail. Il n’avait pas pour objectif de rentrer dans le détail des actions ni d’apporter des réponses définitives et crédibles à plus de cinq siècles de domination coloniale islamophobe. Il s’agissant davantage de prendre conscience de l’ampleur de la tâche et de mesurer le niveau et la qualité d’engagement pour produire de la pensée qui féconde des actions assidues, soutenues sur les mois voire les années à venir.

 

Il ne s’agissait ni de donner naissance à un appareil de plus ni de nier les activités menées par d’autres mais de mettre en synergie le capital connaissances et expériences dans un think tank qui fédèrent les compétences pour proposer un schéma conceptuel et actanciel aux militants engagés dans les luttes politiques et citoyennes qui doivent prendre conscience que le volontarisme aussi sincère soit-il ne peut aboutir à l’efficacité dans un monde fondé sur les rapports de forces, d’intelligence et d’informations alors que notre communauté et ses représentants sont dispersés, fragmentés, sans cap, ni carte de navigation, ni boussole, ni vigie ni gouvernail, ni approvisionnement, ni capitaine dans un océan en tempête.

 

L’ordre du jour n’a pas été respecté ni dans son principe ni dans ses horaires. Les participants se sont quittés sans synthèse ni échéancier ni groupes de travail. Nous restons devant cette interrogation : pourquoi inviter des personnes qui n’ont pas vocation à s’inscrire dans un travail collaboratif à long terme ? Pourquoi répondre à une invitation dont on ne partage ni les préoccupations ni l’ordre du jour, ni les ambitions de serviabilité au service de l’Islam et des opprimés ni la méthodologie de travail. La rigueur morale et intellectuelle ainsi que le souci d’efficacité exige de remettre en cause ou de débattre de l’ordre du jour et de ses prémisses au début et non à la fin de la table ronde qui se voulait vocation à se forger les outils conceptuels et fonctionnels avant de se doter des moyens praxiques de sensibilisation, de conscientisation et d’actions concrètes.

 

Plan pédagogique :

 

Le public, eu égard aux “têtes d’affiche” et au thème, a été peu nombreux. Cela dénote qu’une partie est sans doute désabusée alors que l’autre est toujours sans conscience sociale ni politique, et la question centrale qui n’a pas été abordée est : comment impliquer la communauté pour qu’elle devienne un agent actantiel de son changement et un poids pesant sur son devenir, l’orientation, l’intensité et la vitesse de la force de ce devenir. Sans cette Qibla idéologique et politique, il ne peut y avoir résistance et émancipation des facteurs de l’Islamophobie.

Les dizaines de personnes présentes, en majorité des jeunes femmes, témoignent que le dernier carré de résistance ainsi que le premier carré d’offensive de l’Islamophobie est la femme musulmane. Le public présent a rehaussé la table ronde en participant aux débats et en exprimant sans complaisance son attente en deçà de ce que la table ronde a produit comme idées et comme propositions d’actions.

Il ressort de l’intervention franche et agacée du public trois éléments qu’il faudrait prendre en compte si nous avons l’intention de servir ce public qui n’a ni tribune ni représentant légitime pour se confier ou se rassembler :

 

       Le public, non ‘expert’ mais averti, a compris que les experts ne posaient pas le problème d’une manière qui donne une vision globale et qui annonce des perspectives d’engagement où l’efficacité serait de rigueur et le public serait élargi et impliqué.

 

       L’autre part du public, mettant en exergue les difficultés concrètes de vie, n'a pas vu de solution se dessiner. Ce public, non habitué à participer au débat et ignorant les enjeux complexes, a vu la table ronde dans la position du serpent qui se mord la queue. L’intuition et le visu ont perçu les habitudes du mouvement associatif qui est davantage dans l'activisme que dans la production de la pensée et l’investissement à long terme, et a parfaitement décodé les tristes querelles entre égos.

 

       De l’avis de ce public, cette table ronde, malgré son initiative louable, n'a pas donné le sentiment qu’elle serait le creuset pour faire émerger les compétences qui vont donner assise à une élite alternative aux appareils bureaucratiques et aux rentiers de l'Islam.

 

Plan du contenu

 

Les participants ont listé un grand nombre de propositions qu’on peut regrouper sous les thèmes suivants :

 

       La question coloniale et ses contentieux

       Le lobbying

       Communautarisme ou intégration

       Refus de l’anathème

       La nécessité d’un projet de société alternatif

       La promotion de la diversité

       S’inscrire dans un combat à long terme

       L’obligation de l’union et de l’unité

       Le boycott de tout ce qui a caractère ou source de discrimination

       Islam : quel islam ?

       S’inscrire dans les luttes contre toutes les discriminations

       Donner de la consistance et du poids à la composante ethnique afro-arabo-berbère qui a libéré et construit la France

       Nécessité de connaitre l’histoire de France et ses contradictions avec son discours officiel d’humanisme, de liberté, d’égalité, de fraternité, de laïcité

       Obligation de maitriser la langue française

       Prendre en compte le rapport de force entre les Empires coloniaux et le monde arabe

       Passer aux luttes et aux revendications pour obtenir ses droits

       Islamophobie est un instrument politique

       Islamophobie est une fabrication

       Donner de la place et de l’importance à l’économique

       Ne pas culpabiliser la réussite sociale et économique des membres de la communauté

       La nature jacobine de l’État français

       Les violences spécifiques à l’histoire de France qui ont façonné l’imaginaire collectif

       L’islamophobie est une pathologie du fait de la structure mentale, historique et sociologique de la France construite sur les persécutions et la quête de bouc émissaire

       L’appropriation de la langue arabe

       Les postures et les impostures des notables Musulmans

       L’étude et l’imitation des modèles juifs et arméniens qui se sont imposés en France

       Le rôle des mosquées à réformer

       Lier la négrophobie à l’Islamophobie

       La religiophobie et la culture séculière de la France

       Les lois, le haut conseil de l’intégration en porte à faux avec la vérité

       Les injustices contre les Musulmans déportés au Burkina Faso et le déni d’information sur les prisonniers politiques en France

       La promotion des luttes sur le terrain judiciaire en France et au niveau international pour défendre les opprimés

       Le retour aux sources musulmanes

       Islamophobie est un business à l’instar des caricatures

       On a menti aux Français en leur présentant Voltaire et Descartes comme anti-islam et anti-religion pour assoir la suprématie du matérialisme et du mode capitaliste

       L’étouffement du culte musulman par les arrangements d’appareils et les mesures administratives coercitives

       Le racisme dans les corps intermédiaires et des corps constitués : par exemple, le traitement de la grève des Marocains

       L’implication par le vote

       Les Musulmans en plaçant 60 députés musulmans donneraient la possibilité de la constitution d’un bloc parlementaire qui défendrait la communauté et lutterait contre l’Islamophobie en proposant des lois ou en dénonçant des lois

       Insuffler le renouveau de la communauté par davantage de spiritualité

       L’éducation et l’école

       L’emploi

       Choc des civilisations

       Les dessous de la lutte anti-terroriste

       La question palestinienne

       La géopolitique du gaz et du pétrole

       La géopolitique du monde arabe et musulman et les convoitises coloniales

       La France, sans victoire dans le concert des nations impériales, réalise sa guerre de conquête contre les Musulmans, les Arabes et les Africains de France et d’ailleurs.

       Quels sont les facteurs endogènes et les agrégats exogènes de l’Islamophobie

       Le traitement des indigènes des anciennes colonies par l’empire français et l’Empire britannique

       Le devoir des Musulmans de se réapproprier ce qui a fait leur civilisation pour donner sens, configuration et défense de leur territorialité (Tamkine) : Anagogie (élan spirituel) et empathie ou sympathie universelle

       La Palestine au cœur de l’Islamophobie et des contre révolutions arabes

 

 

 

Plan méthodologique

 

Il était convenu de détailler les thèmes, d’éliminer ce qui est redondant, de les mettre en réseau de sens et en liaisons séquentielles pour aboutir à une approche globale, structurante et opérationnelle (création de groupes de travail). La table ronde a manqué de temps, de discipline, de travail et de connaissance des idées, des parcours et des objectifs de chaque participant. Il aurait fallu que chaque participant envoie à la présidente de la séance un résumé de sa vision ou une synthèse de ses propositions pour que chacun puisse l’enrichir, l’amender et l’intégrer dans un travail collaboratif. Il était prévu d’aller vers un Brainstorming en groupes d’affinités personnelles et thématiques, puis faire une synthèse et décider des suites à donner en fixant des échéances futures. C’est la première expérience. Elle a le mérite d’avoir existé. Il appartient aux plus diligents, aux plus disponibles et aux plus impliqués de se manifester pour prendre une nouvelle initiative et continuer à explorer et à tisser du lien sans faire table rase de ce qui vient d’être réalisé.

 

Conclusion :

 

       Le nombre, la qualité des participants ainsi que l’étendue des questions et des propositions inachevées et demandant à être davantage explicitées prouvent :

 

       La complexité de l’Islamophobie

 

       La nécessité de se libérer de ses effets pour mettre en exergue ses causes endogènes et exogènes et trouver les leviers et les solutions de la défense des opprimés

 

       Dépasser les clivages classiques

 

       Trouver la voie juste et efficace pour impliquer la communauté musulmane, arabe et africaine avec les autres communautés discriminées ou exclues pour une conscientisation sociale et politique. Deux idées, deux écoles s’opposent : se mettre sur le terrain de l’identité ou se mettre dans celui de l’implication dans des causes justes qui vont mobiliser et motiver. La communauté étant dispersée et fragmentée, et l’Islamophobie vise à accentuer cette dispersion et cette fragmentation, il ne serait pas sage d’envisager des engagements autour de causes dispersées sans approche globale. Le Coran nous donne une parabole, une image mentale, une passerelle de sens:

 

{N’as-tu pas vu comment Allah A Fourni une parabole ? Une bonne parole est comme un arbre bon : sa racine est stable et sa ramure est au ciel. Il donne ses fruits en chaque saison, par le Vouloir de son Seigneur. Et Allah fournit les paraboles pour les hommes, peut-être se souviendraient-ils. Et la semblance d’une mauvaise parole est comme un arbre mauvais, qui fut arraché de sur la terre, qui n’a nulle stabilité. Allah Affermit ceux qui devinrent croyants, par la ferme parole, dans la vie terrestre et dans la vie Future. Et Allah Fourvoie les injustes.}

 

Ces versets de la sourate Abraham prennent toute leur dimension spirituelle et actancielle quand on sait qu’Abraham est désigné par le Coran comme une Oumma alors qu’il était isolé, seul dans un monde hostile à son Message et à son argumentation qui conjugue le rationnel et le symbolique.

 

Je reprends certaines préoccupations que je partage avec certains participants et je relance cette table ronde dans un forum. Il s’agit de reconduire la première d’une manière informelle et ouverte à tous sans restriction mais dans la transparence et avec le même principe : transcender l’égo et l’action partisane pour offrir des matériaux de réflexion pour témoigner mais aussi pour donner, avec le peu de moyens que nous avons, l’opportunité et la pertinence à d’autres plus jeunes et placés dans de meilleurs conditions de réussir ce que nous n’avons pas pu réussir pour des raisons objectives et subjectives. Ainsi nous partagerons dans ce monde et dans l’autre le salaire accordé par Allah de ce que nous aurons su conjuguer ensemble hors du temps et des distances.

 

Quel est l’intérêt de montrer au monde entier nos divergences, nos lacunes et notre capacité à saborder nos initiatives ou à faire de la diversion en notre sein. La réponse est simple. Il s’agit de montrer que l’Islamophobie a remporté une grande victoire en créant non seulement la défiance mais la capacité de nuisance en notre sein ainsi que l’émergence d’intérêts cachés qui vivent sur le dos de l’ignorance de la communauté. Par ailleurs comme l’a déjà montré Malek Bennabi dans « la lutte idéologique » le sioniste et l’impérialiste qui nous manipulent connaissent nos faiblesses et tant que nous persistions à les occulter et à les cacher nous ne ferons qu’entretenir leurs objectifs. Comme disait Marx « il faut oser provoquer le scandale pour ne pas devenir sa proie ». L’Islam nous commande de détruire les idoles et de faire éclater la vérité qui est une, complète et immuable. Les partisans de cette vérité doivent prendre position et se démarquer sans craindre comme nous y invite le Coran «  le Blâme d’un incriminateur » ou le « stratagème d’un comploteur ». Le mal est en nous et devant la force des puissances de l’Islamophobie nous ne pouvons nous contenter d’exorciser nos démons au lieu de servir la vérité avec sincérité :

 

« La sincérité est l’épée de Dieu, elle finit par trancher » [Dhoul Noun Al Masri]. Je rends donc hommage à ceux qui sont venus réellement animés par la sincérité et l'amour de la vérité pour témoigner et apporter leur capital expérience et leur capital savoir et ainsi montrer la complexité du poids de l'histoire et de l'idéologie dont il est difficile de se libérer sans marqueurs, sans grille de lecture,  sans implication de longue haleine et sans vision globale et dynamique qui impriment un nouveau rapport de force et un nouveau rapport d'intelligence à ce monde qui nous est hostile.

 

Omar Mazri, le 17 mai 2012

http://www.liberation-opprimes.net

 

http://www.alterinfo.net

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