« Il n’y a plus d’institutions européennes » : le « diumvirat Merkozy » impose la dictature financière
Excellent billet signé Daniel Schneidermann pour @rrêt sur images : « Rester ou non dans l’Europe, puisque c’est la question que l’on souhaite (im)poser aux Grecs, est-ce encore vraiment le problème ? Au point où nous en sommes, il n’y a déjà plus d’Europe, au sens où l’Europe reposait sur la laborieuse négociation, sur le douloureux compromis, seules sources civilisées de la vie commune. Il n’y a plus d’institutions européennes. Il n’y a plus de textes européens. Il y a un étrange et précaire duumvirat, nommé Merkozy, deux têtes, quatre bras, escopette dans une main, cravache dans l’autre, qui ne se donne même plus la peine de sauver les apparences avec les éclopés.
Et qu’on échange des sourires entendus à propos de Berlusconi, et qu’on suspend le versement des huit milliards promis à la Grèce (de quel droit, cette suspension ?) et qu’on exclut Papandreou de la conférence de presse commune, au cours de laquelle on lui a adressé l’ultimatum : ton référendum, pouilleux, ton appel au peuple, au peuple sacré dont tout procède, c’est tout de suite, pas à la Saint Glinglin. Et avec une belle et bonne question qui les fasse bien trembler, tes Grecs : voulez-vous rester dans l’euro ? Sinon, à la baille ! Il n’y a plus d’Europe. Il y a des maîtres et des esclaves, ou plutôt la chiourme et les garde-chiourme. Étrange de voir, d’ailleurs, l’irruption dans l’Europe policée des rapports de force carcéraux, avec ruses cousues de fil blanc (Berlusconi arrivant à Cannes avec son gros paquet de mesures d’austérité, totalement vide ), ses lâchetés, et au total une seule loi, celle du plus fort. Chiourme et garde-chiourme : ces statuts sont fragiles. Si Merkozy agite si frénétiquement sa cravache, c’est qu’au-dessus du duo, il y a Obama qui arrive à Cannes, et qu’il importe de lui montrer une maison en ordre, poussière soigneusement remisée sous la moquette. Et au-dessus d’Obama, il y a Hu Jintao le Terrible, à qui il faut tenter de soutirer quelques milliards. Et au-dessus de Hu Jintao, il y a, invisibles, invincibles, les marchés. Contre lesquels, hélas, il n’est pas de cravache assez grosse. »
Plume de Presse
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