La théorie communiste initiale susceptible d’évolution ?
par Juste
J’ai 65 ans et je suis Algérien. J’ai vécu l’expérience socialiste
dans mon pays qui venait de sortir de 132 ans de colonialisme qui a
laissé l’homme algérien en 1962, c’est-à-dire à l’indépendance, à un
niveau de dégradation à proprement parler inhumain.
La révolution
socialiste n’avait donc aucune chance d’atteindre à un degré
d’organisation qui pouvait lui permettre le moindre succès. L’homme
était défaillant.
Tout système social et politique, toute idée ou tout concept susceptible d’application sociale, toute révolution, est à juger à ses extrémités. Ceci est très important, il est essentiel philosophiquement parlant. Et ceci, dans la mesure où un modèle de développement est par définition tourné vers l’avenir. S’il est condamné dans ses ultimes développement, il est essentiellement négatif !
Le capitalisme évolue aujourd’hui sous sa forme la plus accomplie, je crois, sous nos yeux. Il est tout proche de son extrémité : il aspire à pas moins que d’arrêter le cours de la Vie, à réduire les naissances, à tuer les vivants, selon un schéma suggéré par ses géniaux théoriciens. Je le décrirais comme ceci non sans essayer d’être objectif : hideux, haineux, hautain, refusant toute forme de sagesse, extrémiste, désespérant, monstrueux, anthropophage, barbare, ennemi de la vie et du Bien, foncièrement inhumain.
L’incarnation sociale et politique du Mal extrême car il soumet, en définitive, l’être humain au sou. Le travailleur est esclave, la femme est femelle (marchandise sexuelle, beaucoup de femmes venues manifester leur colère contre le système d’injustice après la mort récente de G. Floyd, étaient habillées de la manière qui suggère qu’elles ont fini par accepter ce statut dégradant, elles doivent être persuadées de ne valoir socialement qu’en montrant leurs fesses !), l’enfant qui représente l’espoir et l’optimisme est sur le point de rejoindre le statut de la femme et beaucoup de moyens et d’efforts sont mobilisés et dépensés pour asseoir ce projet. La négation de la Vie incarnée … L’extrémité.
Le défendre ou simplement ne pas le décrier en tant que tel, relève déjà à mon avis, de l’imbécilité si ce n’est du pur satanisme ; c’est réellement être aliéné à Satan en personne !
Les révolutions communistes, toutes, ont subi mille et une contraintes et guerres multiformes de la part de l’Occident capitaliste qui y voyait un danger fatal pour sa survie en tant que système et modèle de développement. Nulle part, je crois savoir, les révolutions ayant pris le pouvoir et atteint le stade d’expérience sociale de telle ou telle forme de socialisme et de communisme, n’ont été épargnées par de multiples formes d’attaque allant de la guerre (forme historiquement la plus utilisée) à la propagande avilissante, en passant par la guerre économique, toutes ces actions étant dirigées de manière à pousser à l’échec.
Une question s’impose déjà à la conscience critique : pourquoi le capitalisme se défendait-il contre le socialisme s’il était comme la propagande le disait, un enfer ? En réalité, rappelez-vous, la moitié des pays du monde était d’une manière ou d’une autre sur la voie du socialisme. Le modèle du socialisme était la hantise des dirigeants des pays occidentaux.
En France même, j’étais étudiant à l’époque de Mitterrand et Chirac, le citoyen communiste était dépeint pas la presse dominante comme une sorte de bête à part, une anomalie sociale, un excentrique. C’était le discours de propagande anti-communiste décidé par les USA, déjà.
Pourtant, en dépit du fait que la gauche, en général, était plus ou moins compromise avec la bourgeoisie au pouvoir, le discours et les positions de principe du PCF pris comme exemple, devant les grandes questions, étaient de loin les plus dignes de respect. Les expériences socialistes et communistes étaient toutes contraintes ; les juger sur leurs « états et résultats » d’alors serait incorrect. Toutes ces expériences étaient ou à leur début ou étant perturbées par les guerres et les menaces, si bien que le développement était encore balbutiant et très contraint.
Porter un jugement sur ces débuts d’expérience équivaudrait à juger le système cubain actuel à travers son état actuel. Qui ignore que Cuba est sous embargo qui n’a pu lui interdire que l’air et l’eau marine qui entoure l’île ?
Pourtant, la théorie et la « praxis » du marxisme-léninisme observées et jugées à travers les expériences soviétique et chinoise, en ayant en conscience, les conditions réelles dans lesquelles ces expériences évoluaient ne sont-elles pas critiquables ? certes, si ! La liberté de culte et la foi n’étaient pas reconnues, la critique la plus fondée et la plus légitime était refusée et punie, la motivation au travail était parasitée par la doctrine officielle, l’initiative était carrément interdite et n’avait pas place dans tous les systèmes puisque toute initiative devait provenir de l’instance centrale du parti, le pouvoir était extrêmement centralisé, etc.
La liberté humaine fondamentale et individuelle, celle de rêver humainement et de le dire ou l’écrire, de croire en Dieu et de lui rendre le culte selon sa foi, de chanter librement sans censure, de posséder des biens mêmes dans des proportions réglementées et rationalisées, de léguer à sa mort ses menus biens à sa descendance, etc., était bafouée ! Elle équivalait à la négation par une autre voie que celle de la société libérale de la « nature humaine ».
La théorie marxiste était-elle obligée d’asseoir son modèle en dehors de la foi, dans la stricte pensée matérialiste de l’époque, avait-elle besoin de changer la « nature humaine fondamentale » pour rendre possible la praxis communiste ? … Et sur le plan de la pratique politique et sociale, devait-on passer par une forme de pouvoir centralisé, rigide et lourd qui handicapait la transmission de l’idée et de la décision la plus juste et les rendait caduque ou impertinentes ? Bref, le communisme est critiquable sur certains de ses fondements, notamment celui de la conception de l’homme et du réel voulu réduit à la matérialité, et sur sa négation de la liberté individuelle dans sa proximité à la chose sociale et collective. Une double dérive : théorique et pratique.
On conçoit parfaitement le caractère historique de la genèse de la pensée communiste, et les conditions géopolitiques et géostratégiques historiques (pressions extérieures et réactions intérieures) qui ont poussé, voire contraint au durcissement de la gestion, mais ne pas reconnaitre la réalité des carences serait malhonnête ou pour le moins un endoctrinement aliénant.
Le communisme est possible autrement. Je le défendrais s’il me reconnaissait ma liberté de croire en Allah et de l’adorer librement, le droit de posséder un toit et de le laisser à ma mort à mon ou mes enfants, de lire, d’écrire, de parler et de chanter dans les langues de mon choix, de voyager librement dans mon pays et même à l’étranger, etc… Ce n’est pas énorme comme demande. Elle était refusée. Les voilà les carences et les défauts du communisme. Bien sûr ce sont là les opinions et souhaits d’un croyant, mais ils sont par la même occasion ceux d’un humain !
En conclusion et en définitive, en dépit des inepties fondamentales de la théorie communiste initiale – elle est susceptible d’évolution – et de certaines dérives liberticides et carrément de « domination » en pensant aux pays de l’Europe de l’est, non moins réelles, le communisme demeure au vu de ses « effets » observés et potentiels, de loin, préférable au modèle libéral létal et fatal qui ne permettrait aucune possibilité de retour une fois arrivé à son ultime, ultime aboutissement, la fin de la vie. C’est ma modeste opinion sur la question, avec un recul suffisant pour la croire objective et fondée. Mais à chacun ses convictions, en définitive.
Juste
Source
Commentaires
Enregistrer un commentaire