Susan Rice : «Le plan français d’intervention au Mali est foireux»
Susan Rice ne mâche pas ses mots. D. R.
Les divergences sont de plus en plus visibles entre Américains et Français sur l’intervention au Mali.
Si publiquement les diplomates américains tiennent un langage policé, ce n’est pas le cas lors des réunions d’évaluation qui se tiennent à huis-clos avec les responsables de l’ONU. Ainsi, Susan Rice, l'ambassadrice américaine aux Nations unies, aurait utilisé un terme trivial pour qualifier le plan d’intervention élaboré par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CDEAO) sous la houlette de la France.
C’est du moins ce qu’a rapporté le magazine Foreign Policy qui cite des sources proches de l’ambassadrice. En effet, d’après ce média, Rice aurait déclaré : «It’s crap (c’est de la m…).» Le magazine affirme avoir contacté le bureau de Mme Rice lequel s’est refusé à tout commentaire. Autrement dit, il n’a ni confirmé ni infirmé cette information qui a fait le tour de la planète et qui risque d’altérer la bonne coopération diplomatique entre ces deux membres du Conseil de sécurité. Le plan d’intervention militaire concocté à Abidjan sous la férue de la France a essuyé de nombreuses critiques, dont celles du secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon. Susan Rice émet, en effet, de sérieuses réserves sur ce plan qui n’est pas, à ses yeux, assez consistant pour débusquer les groupes armés qui infestent le Nord-Mali et qui sont formés d’hommes aguerris.
Elle doute ainsi de la capacité de l’armée malienne soutenue par 3 300 soldats de 15 pays africains à reconquérir cette vaste étendue désertique.
Selon cette diplomate qui semble bien conseillée, le manque de connaissance du terrain va jouer incontestablement en faveur des groupes terroristes qui, eux, ont la maîtrise parfaite de la géographie et des reliefs désertiques de cette région.
En plus clair, les Etats-Unis sont favorables à une action militaire ciblée au Nord-Mali, mais pas pour le moment. Washington préfère que tous les efforts soient déployés pour un retour à la légitimité politique à Bamako avec un nouveau gouvernement représentatif du peuple et l’établissement d’un dialogue avec les forces rebelles touareg du nord du pays.
L’intervention militaire, tant voulue par la France, s’éloigne davantage. Et la dernière sortie médiatique d’Hervé Ladsous, le chef du département du maintien de la paix à l'ONU, qui défend l’idée d'une intervention militaire, ne fait que corroborer ce constat. Ce responsable à l’ONU avait reconnu tout récemment que même si le plan d'intervention serait approuvé, il faudrait attendre septembre ou octobre 2013 pour que la force internationale soit déployée.
Sonia B.
http://www.algeriepatriotique.com
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