La guerre sainte d’Israël et l’exode palestinien

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La dernière attaque d’Israël contre Gaza, l’opération « Colonne de nuée [1] » s’inspire d’un passage de la Torah :

« Et l’Éternel allait devant eux, le jour dans une colonne de nuée, pour les conduire par le chemin, et la nuit dans une colonne de feu, pour les éclairer, afin qu’ils marchassent jour et nuit. La colonne de nuée ne se retirait point de devant le peuple pendant le jour, ni la colonne de feu pendant la nuit. » Exode 13:21-22

 

Loin de l’inspiration divine, les intentions sous-jacentes aux colonnes de nuée et de feu lancées violemment sur le petit territoire densément peuplé avaient un objectif totalement infâme. L’exode et l’expulsion des Palestiniens de la « Terre sainte ».

 

Afin d’y arriver, certaines personnalités israéliennes éminentes ont même songé à des colonnes de nuées en forme de champignon :

Nous devons raser des quartiers entiers de Gaza. Raser Gaza en entier. Les Étasuniens ne se sont pas arrêtés à Hiroshima. Les Japonais ne se sont pas rendus assez vite, donc ils ont frappé Nagasaki aussi. (Gilad Sharon A decisive conclusion is necessary, Jerusalem Post, 18 novembre 2012.)

 

Nile Bowie croit que les récentes attaques font partie de l’expansion des colonies illégales d’Israël.

 

Le bombardement israélien de Gaza perpétué dans le cadre de l’opération « Pilier de défense » arrive à un moment intéressant. Sous la gouverne de Benjamin Netanyahou et d’Ehoud Barak, l’expansion des colonies juives illégales sur le territoire palestinien s’est accrue à un rythme sans précédent.

 

L’administration Netanyahou a approuvé la construction de 850 logements pour les colons en Cisjordanie occupée en juin 2012, même après que le Parlement israélien ait rejeté un projet de loi visant à légaliser rétroactivement certaines des maisons existantes dans cette zone [2].

Le nombre des colons juifs en Cisjordanie a presque doublé dans les 12 dernières années, avec plus de 350 000 résidents illégaux en vertu du droit international [3].

 

Alors que le ministre israélien des Affaires étrangères, Avigdor Lieberman, affirme que Tel-Aviv refuse d’accorder aux Palestiniens le droit de retourner sur leur territoire, en soulignant « pas un seul réfugié », l’apartheid fondé sur des motifs ethniques et religieux est devenu un élément ratifié de la politique gouvernementale israélienne [4]. Le discours politique d’extrême droite autrefois considéré comme extrémiste représente aujourd’hui le statu quo en Israël. (Nile Bowie, Gaza and the Politics of “Greater Israel”, 17 novembre 2012.)

 

Alors que l’État hébreu est blâmé pour ses attaques brutales répétées contre Gaza, les crimes commis contre les Gazaouis ne seraient pas possible sans le vaste appui international dont jouit Israël, surtout celui des États-Unis, mais également celui d’autres pays de l’Occident et du Moyen-Orient.

 

Le dernier assaut nommé Colonne de nuée (ou Plier de défense) aurait été impossible sans l’appui politique et militaire inébranlable des États-Unis.

 

Comme le note Michel Chossudovsky, les États-Unis n’ont pas seulement appuyé Israël. L’attaque contre Gaza, au point de vue du commandement et du contrôle, était une opération militaire conjointe des États-Unis et d’Israël :

Même si les reportages reconnaissent que dans la foulée des élections du 6 novembre, le président Obama a donné le « feu vert » à Tel-Aviv, la question principale ne concerne pas l’appui de Washington, mais plutôt l’implication directe de l’armée et du gouvernement étasuniens dans la planification et l’implantation de l’attaque contre Gaza.

 

Des preuves démontrent que l’opération « Colonne de nuée » (ou Pilier de défense) a été implantée en étroite collaboration avec Washington dans le contexte d’un processus plus vaste de planification militaire alliée. Des représentants officiels de haut rang travaillaient sur les lieux en Israël avec leurs homologues de la FDI, quelques jours avant les attaques. (Prof Michel Chossudovsky, L’attaque des États-Unis et d’Israël contre Gaza, 20 novembre 2012.)

 

Par ailleurs, même si Israël achète la plupart de ses armes aux États-Unis, les marchands d’armes européens contribuent également à la machine de guerre israélienne et profitent des tueries de civils palestiniens. David Cronin explique:

Haneen avait 10 mois, Omar 11 mois et Ibrahim un an. Ces enfants ont été tués par des missiles à « guidage de précision » pour avoir commis l’infraction de grandir à Gaza.

 

Quelque jours avant qu’ils meurent, la Commission Européenne a commandité la « seconde conférence internationale de la sécurité intérieure à Tel-Aviv. Se voulant plus un bazar qu’un forum de discussion, l’évènement présentait des expositions des plus grandes compagnies d’armements israéliennes.

 

D’après ce que je peux voir, l’implication de l’Union européenne dans cette exposition est passée inaperçue dans les médias. C’est profondément troublant. Cela suggère que la Commission peut cautionner des firmes profitant des bombes lancées sur des bébés palestiniens sans que personne ne cligne des yeux.

 

Les responsables qui ont approuvé la participation de l’UE à la foire de Tel-Aviv ne peuvent pas affirmer qu’elle n’était pas liée à la dernière offensive contre Gaza [...]

 

En juin de nombreuses sociétés israéliennes, tout comme des délégations de l’UE et de l’OTAN, ont participé à Eurosatory, une foire de l’armement à Paris. (David Cronin, How Europe Courted Israel’s Arms Industry on Eve of Gaza Attack, 28 novembre 2012.)

 

Si cette guerre interminable repose sur l’appui politique et militaire, ainsi que sur celui des marchands d’armes, elle ne serait pas possible sans la propagande massive en Israël et ailleurs.

 

La vision raciste et déshumanisante des Arabes, largement admise, perpétue la guerre contre la Palestine. Benzion Netanyahu, le père du premier ministre israélien l’a exprimée clairement en faisant appel à l’autorité de la Bible pour confirmer sa vision raciste du monde :

La Bible n’a pas d’image pire que celle de l’homme du désert. Pourquoi ? Parce qu’il n’a de respect pour aucune loi. Parce que dans le désert, il peut faire ce qui lui plaît. Le penchant pour le conflit est l’essence de l’Arabe. Il est un ennemi de nature. Sa personnalité ne lui permet aucun accord ou compromis. La résistance à laquelle il fait face, le prix qu’il a à payer n’ont pas d’importance. Son existence relève de la guerre perpétuelle. Celle d’Israël doit être pareille. La solution des deux États n’existe pas, il n’y a pas deux peuples ici. Il y a un peuple juif et une population arabe […] il n’y a pas de peuple palestinien, alors on ne crée pas d’État pour une nation imaginaire […] ils disent être un peuple uniquement pour se battre contre les juifs. (Benzion Netanyahu, cité dans Nile Bowie, Gaza and the Politics of “Greater Israel”, 17 novembre 2012.)

 

Les Palestiniens sont qualifiés de terroristes sauvages par Israël et divers lobbies ayant des objectifs similaires et ce portrait raciste d’un peuple sous occupation n’est jamais remis en question par les médias dominants. Dans cet état d’esprit, les crimes de guerre peuvent facilement être présentés comme des dommages collatéraux.

 

Le professeur James F. Tracy montre quelles techniques de propagande sont utilisées dans le but de « blanchir » Israël de ses crimes de guerre :

Lancé le 14 novembre par Israël, l’assaut d’une semaine contre les Palestiniens de Gaza, la plupart sans défense, offre une base pour évaluer la façon dont les grands médias occidentaux camouflent les crimes de guerre du principal allié des États-Unis au Moyen-Orient.

 

Il existe trois techniques souvent imbriquées et appliquées consciemment à ce type de couverture médiatique : le contexte historique, les sources et l’objectivisation de l’ennemi à cibler. De telles pratiques peuvent rapidement transformer le journalisme en propagande servant à encourager de tels crimes tout en permettant aux institutions journalistiques de se réclamer de l’« objectivité ». Prof. James F. Tracy, When Propaganda Masquarades as News, 24 novembre 2012.)

 

Toutefois les leaders palestiniens sont également à blâmer pour leur inaction et leur soumission aux exigences d’Israël.

 

Stephen Lendman note ce qui suit :

Abbas cherche à obtenir le statut d’’État observateur non membre avec lequel viennent des droits significatifs. Le fait de les obtenir implique que l’on ne demande pas leur exclusion ou qu’on ne les omette pas dans la formulation de la demande.

 

Ces pleins droits permettent de joindre des agences spécialisées de l’ONU [et l’application de certains traités] dont l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI), la Convention sur le droit de la mer (CNUDM), le Traité de non-prolifération des armes nucléaires (TPN), la Cour internationale de justice (CIJ) et la Cour pénale internationale (CPI).

 

L’adhésion donne à la Palestine le contrôle de ses eaux territoriales et de son espace aérien. D’autres droits lui sont accordés.

 

Il est permis de poursuivre Israël (à la CIJ) et des représentants israéliens (à la CPI) pour génocide, crimes de guerre et crimes contre l’humanité. En 2017 ou plus tard, Israël pourra être poursuivi pour agression criminelle.

 

Le 29 novembre est le Jour J (le jour de la décision) [2]. Les États membres de l’ONU voteront. La Palestine obtiendra facilement le statut supérieur d’État observateur non membre. L’enjeu constitue ce qui vient avec et dépend de ce qui est exclu.

 

Abbas soumettra une version de 316 mots appelant à la reprise des pourparlers de paix avec Israël, un geste insignifiant et insultant. Abbas le sait. Ces formalités sont un simulacre.

 

La paix est impossible sans partenaire légitime. La Palestine n’en a jamais eu et elle n’en a toujours pas.

 

Les pourparlers ont été tués dans l’œuf. Un observateur les a appelés « la tromperie la plus spectaculaire de l’histoire moderne de la diplomatie » […]

 

La formulation d’Abbas ne disait rien à propos de l’arrêt de l’établissement de colonies. Elle ne demande pas l’adhésion aux agences et traités de l’ONU. Il s’agit d’un élément clé.

 

Sans cela, le statut supérieur est dénué de sens. Des droits vitaux sont refusés. Abbas semble se diriger dans cette direction. Cela ne devrait pas être une surprise. (Stephen Lendman, Abbas Submits Weak UN Status Bid, 28 novembre 2012.)

 

Julie Lévesque

Journaliste

 

Article publié initialement en anglais : Israel’s Holy War: Triggering the Palestinian Exodus?

 

Notes

1. L’opération a d’abord été nommée « Pillar of Cloud » par l’armée et les médias israéliens, en français Colonne de nuée, une traduction littérale de l’hébreu, עַמּוּד עָנָן, ‘Amúd ‘Anán. Le jour où l’opération était lancée, l’armée israélienne l’a aussi appelée Pilier de défense. Alors que les deux noms étaient utilisés fréquemment au début par les médias dominants anglophones qui ont graduellement cessé d’utiliser le nom « Pillar of Cloud ».

 

2. L’Assemblée générale de l’ONU a accordé le statut d’observateur non membre à la Palestine à 138 voix pour, 9 contre et 41 abstentions.

 

http://mediabenews.wordpress.com

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