Youssef Girard: Mélenchon ou le meilleur de la gauche coloniale française

Youssef Girard

 

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Mélenchon ou le meilleur de la gauche coloniale française

 

Ce petit-fils de colons espagnols venus en Algérie pour s’enrichir en faisant « suer le burnous » a profité d’une interview donnée au journal El Watan[1] et de son allocution à l’Institut français d’Alger, le 12 février 2013, pour revenir sur la question de la reconnaissance des crimes coloniaux commis par la France durant la période coloniale. Selon lui, cette reconnaissance serait ni plus ni moins qu’« une belle perte de temps ». Pour le leader du Front de gauche, la reconnaissance des crimes coloniaux est d’autant plus inutile que « la France, c’est aussi » lui, et il n’a « martyrisé personne », ni ses « ancêtres »[2].

 

Youssef Girard: 17-02-2013

 

Mélenchon ou le meilleur de la gauche coloniale française

 

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Connaissant certainement l’« heureuse » expression de Léon Blum affirmant que « les races supérieures » ont le devoir « d’attirer à elles les races qui ne sont pas parvenues au même degré de culture »[1], Jean-Luc Mélenchon a décidé d’apporter ses « lumières » aux peuples du Maghreb qui ont été invités à le suivre dans le cadre d’un « Forum mondial de la révolution citoyenne ».

 

Ce petit-fils de colons espagnols venus en Algérie pour s’enrichir en faisant « suer le burnous » a profité d’une interview donnée au journal El Watan[2] et de son allocution à l’Institut français d’Alger, le 12 février 2013, pour revenir sur la question de la reconnaissance des crimes coloniaux commis par la France durant la période coloniale. Selon lui, cette reconnaissance serait ni plus ni moins qu’« une belle perte de temps ». Pour le leader du Front de gauche, la reconnaissance des crimes coloniaux est d’autant plus inutile que « la France, c’est aussi » lui, et il n’a « martyrisé personne », ni ses « ancêtres »[3].

 

Les ancêtres de ce petit-fils de colons avaient peut-être les mains propres et la conscience tranquille mais qu’en est-il de l’action des ancêtres politiques de monsieur Mélenchon ?

 

Jean-Luc Mélenchon a longtemps été militant au Parti socialiste qui ne peut pas vraiment se vanter d’avoir les mains propres ou la conscience tranquille en matière coloniale, notamment concernant l’Algérie. De la dissolution de l’Etoile Nord Africaine en janvier 1937 au vote des « pouvoirs spéciaux » en mars 1956 en passant par sa participation au gouvernement responsable des massacres du nord-constantinois en mai 1945,

la SFIO a toujours mené une politique colonialiste n’ayant strictement rien à envier à la droite française en matière de crimes de masse et de répressions sanglantes. Colonne vertébrale du Front de gauche, le Parti communiste français a également approuvé la dissolution de l’Etoile Nord Africaine, soutenu les massacres de mai 1945 et voté les « pouvoirs spéciaux » en 1956.

 

Si Jean-Luc Mélenchon n’a « martyrisé personne », ses ancêtres politiques et les ancêtres de ses principaux aliénés n’ont pas seulement « martyrisé » quelques individus. Ils sont responsables de crimes de masse ayant causé la mort de dizaine de milliers d’Algériennes et d’Algériens. Toutefois, l’évocation des viols, des déportations, des centres de torture et autres camps d’internement de civils résultant de la politique colonialiste des ancêtres politiques de monsieur Mélenchon ne sont sûrement qu’« une perte de temps totale ».

 

L’art consommé du négationnisme de Jean-Luc Mélenchon lui permet de réduire à de simples « machins » sans importance la politique génocidaire française qui a provoqué la disparition de 30 à 58% de la population algérienne entre 1830 et 1872 ou les six millions d’Algériens morts au cours des cent trente-deux ans de la longue nuit coloniale (1830-1962) qu’a connue l’Algérie. « Un détail de l’histoire » aurait certainement pu dire un autre responsable politique français tout aussi peu enclin que Jean-Luc Mélenchon à reconnaître certaines réalités historiques.

 

En réalité, s’ils insultent la mémoire algérienne, les propos de ce petit-fils de colons espagnols n’ont strictement rien d’étonnant de la part d’un digne héritier de la République coloniale. Ils s’inscrivent dans la vieille tradition impérialiste de la gauche française dont l’humanisme centripète s’est perpétuellement arrêté aux frontières de la race blanche. Jean-Luc Mélenchon n’aurait probablement aucune difficulté à reconnaître les crimes de masse commis durant la période coloniale si, dans la culture française, les non-occidentaux – ici les Algériennes et les Algériens – étaient reconnus comme des êtres humains à part entière.

 

Dans ses rapports avec les non-occidentaux, la gauche française reste dominée par sa culture coloniale séculaire. Comme l’écrivait Malek Bennabi à propos des « vertus de l’Occident », les mérites de la gauche occidentale « n’ont pas de rayonnement en dehors d’un certain domaine qui est expressément celui de la race blanche »[4]. Hier la gauche coloniale française soutenait les crimes de masse contre le peuple algérien, aujourd’hui elle se complait dans le négationnisme postcolonial mais la hiérarchisation des races et des cultures lui dicte inlassablement sa pensée et son action.

 

Youssef Girard

 

PS : A la suite d’une rencontre entre des parlementaires français et le président du mouvement Ennahdha, Rached Ghannouchi, monsieur Mélenchon a jugé utile de se fendre d’un communiqué pour déplorer cette rencontre[5]. Au vu des déclarations négationnistes de Jean-Luc Mélenchon, il est certainement encore plus « étonnant » que des organisations maghrébines acceptent toujours de recevoir ce sinistre personnage.

 

[1] Léon Blum, Chambre des députés, 9 juillet 1925.

[2] «Chokri Belaïd était un grand tribun des pauvres, des ouvriers et des femmes», URL :

http://www.elwatan.com/international/chokri-belaid-etait-un-grand-tribun-des-pauvres-des-ouvriers-et-des-femmes-10-02-2013-202797_112.php

[3] Chih Arab, « Jean-Luc Mélenchon : “La repentance ? Une belle perte de temps” », URL :

http://www.liberte-algerie.com/actualite/jean-luc-melenchon-la-repentance-une-belle-perte-de-temps-il-a-anime-mardi-une-conference-a-l-institut-francais-d-alger-194448

[4] Bennabi Malek, L’Afro-asiatisme, Alger, SEC, 1992, page 44

[5] « PS / Ennahda : l’inacceptable rencontre », URL : http://www.jean-luc-melenchon.fr/2013/02/15/ps-ennahda-linacceptable-rencontre/

 

http://tunisitri.wordpress.com

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