L'usure, axe central de l'histoire de l'Occident

 

Aline de Diéguez

 

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AUX SOURCES DU CHAOS MONDIAL ACTUEL

 

" La chose la plus difficile au monde est de suivre à la trace n'importe quelle idée jusqu'à sa source. " ( Edward Mandell HOUSE )

 

Première Partie

 

1ère Partie :Du Système de la Réserve fédérale au camp de concentration de Gaza

 

 

 

L'usure, axe central de l'histoire de l'Occident

 

Que peuvent les lois, là où seul l'argent est roi ? "

Pétrone

 

" Si la population comprenait le système bancaire, je crois qu'il y aurait une révolution avant demain matin . "

 

L'industriel Henry Ford.

 

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1 - La colère de Jésus contre les usuriers du temple de Jérusalem

 

2 - A mort, le contestataire du système usuraire du temple !

 

3 - Le Talmud traduit en anglais: l'édition Soncino

 

4 - Le déroulement des sacrifices dans le temple de Jérusalem

 

5 - L'alliance du sang et de l'argent

 

6 - Petite généalogie du mot "juif"

 

7 - Le mot "juif" entre officiellement dans le vocabulaire français

 

8 - Les juifs et la spécialisation financière

 

9 - L'Eglise catholique et l'usure

 

10 - Les modernes "changeurs du temple" et leur système usuraire

 

11- Les "changeurs du temple" et la nouvelle crucifixion du prophète galiléen

 

12 - Apothéose des usuriers

 

13 - Mécanismes par lesquels les nouveaux "changeurs du temple" pillent la richesse des nations

 

14 - Modus operandi des "changeurs du temple": d'une crise à la suivante

 

15 - Ils l'ont tué...

 

16 - Ultime tentative de balayer la poussière sous le tapis

 

clip_image0021 - La colère de Jésus contre les usuriers du temple de Jérusalem

 

Un épisode unique, révélateur et particulièrement détaillé est rapporté par les quatre évangélistes-biographes de Jésus avec une unanimité et une précision qui attestent de son authenticité. Je veux parler de la violente colère qui a envahi le prophète dans le temple de Jérusalem et qui l'a conduit à provoquer un tohu-bohu scandaleux. Il s'est saisi de cordes - qui devaient traîner dans un coin et qui servaient à amener les bestiaux destinés au sacrifice, ou alors il s'en était muni et avait prémédité son acte - et, les repliant de manière à en faire une sorte de fouet, s'est servi de cette arme improvisée pour se lancer à l'assaut des "changeurs" - c'est-à-dire les banquiers-usuriers de l'époque - qui officiaient sur place et qui y tenaient boutique, ainsi que de la populace qui amenait, gardait et vendait les bêtes à sacrifier et toutes sortes d'autres produits destinés à l'offrande.

 

Il faut se représenter la scène d'un justicier en fureur qui pénètre dans l'enceinte d'un édifice religieux grouillant de pèlerins,

de marchands et de bestiaux. Faisant tournoyer au-dessus de sa tête un fouet bricolé avec des cordes: il renverse les tables recouvertes de pièces de monnaie des traficoteurs, les traite de voleurs et de brigands, frappe les hommes et les animaux afin de les pousser vers la sortie. Il doit avoir avoir présenté un aspect suffisamment effrayant pour que la population de changeurs, de maquignons et de vendeurs de blé et de farine destinés aux sacrifices végétaux, et qui se livraient à qui mieux mieux à une simonie éhontée, préfèrent ramasser ce qu'ils pouvaient de pièces de monnaie et de marchandises avant prendre la poudre d'escampette. Mais il fallait le faire promptement car le justicier au fouet " ne laissait personne transporter aucun objet à travers le temple" précise l'évangéliste Marc.

 

Les bêtes couraient, les taureaux, les boucs, les béliers mugissaient, bêlaient, ruaient, urinaient, les volières tombaient à terre et s'ouvraient, les pigeons piaillaient, impossible d'éviter de patauger dans les excréments et l'urine. Il régnait un bruit infernal d'animaux entassés, terrorisés, que l'odeur du sang rendait fous. Pour un scandale, ce fut un beau scandale!

 

Ce vacarme attira " les chefs des prêtres et les scribes, ainsi que les notables et les sacrificateurs".

 

Au spectacle de ce sacrilège, qui portait une atteinte décisive à leurs propres finances, "ils cherchèrent les moyens de le faire périr" .

 

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“Jésus chassant les marchands du Temple” (1635) Gravure de Rembrandt (1606-1669)

 

 

"Et Jésus entra dans le temple de Dieu, et il chassa tous ceux qui vendaient et qui achetaient dans le temple; et il renversa les tables des changeurs, et les sièges de ceux qui vendaient des pigeons. il leur dit: il est écrit: Ma maison sera appelée une maison de prière; mais vous en avez fait une caverne de brigands." Matthieu 21, 12-13

 

" Ils arrivèrent à Jérusalem, et Jésus entra dans le temple. Il se mit à chasser ceux qui vendaient et qui achetaient dans le temple; il renversa les tables des changeurs, et les sièges des vendeurs de pigeons; et il ne laissait personne transporter aucun objet à travers le temple. Et il enseignait et disait: N'est-il pas écrit: Ma maison sera appelée une maison de prière pour toutes les nations? Mais vous, vous en avez fait une caverne de voleurs.

Les principaux sacrificateurs et les scribes, l'ayant entendu, cherchèrent les moyens de le faire périr; car ils le craignaient, parce que toute la foule était frappée de sa doctrine. Quand le soir fut venu, Jésus sortit de la ville." Marc 11, 15-19

 

"Comme la Pâque des Juifs approchait, Jésus monta à Jérusalem. Il trouva installés dans le Temple les marchands de bœufs, de brebis et de colombes, et les changeurs. Il fit un fouet avec des cordes, et les chassa tous du Temple ainsi que leurs brebis et leurs bœufs; il jeta par terre la monnaie des changeurs, renversa leurs comptoirs, et dit aux marchands de colombes : « Enlevez cela d’ici. Ne faites pas de la maison de mon Père une maison de trafic. » Jean 2, 13-16

 

"Jésus entra dans le Temple, et se mit à expulser les marchands. Il leur déclarait : « L'Écriture dit : Ma maison sera une maison de prière. Or vous, vous en avez fait une caverne de bandits. » Il était chaque jour dans le Temple pour enseigner. Les chefs des prêtres et les scribes, ainsi que les notables, cherchaient à le faire mourir. Luc, 19, 45-47

 

 

Pour comprendre la fureur de Jésus, il faut souvenir qu'au centre de la puanteur et du vacarme des animaux entassés trônaient les fameux "changeurs". Comme leur nom l'indique, ils étaient censés "changer" les pièces de monnaie variées légalement en cours, présentées par les pèlerins et les fidèles, en une monnaie dont ils avaient monopole: le demi-shekel. En effet, le rituel du temple était si astucieusement codifié que seule cette pièce-là permettait d'acheter les animaux du sacrifice et de s'acquitter de l'impôt religieux. Or, au lieu de "changer" honnêtement un shekel en deux demi-shekels, ces rapaces ancêtres des banquiers-usuriers se payaient grassement et exigeaient plusieurs fois le montant réel de la valeur en échange de la délivrance de la précieuse pièce de monnaie "religieuse".

 

C'est eux, tout particulièrement, que Jésus a traités de "voleurs". Il fut donc le premier rebelle qui tenta de détruire le système capitaliste usuraire qui s'était établi à l'ombre des motivations religieuses et sur lequel était fondée la prospérité des notables du temple - sacrificateurs, scribes, prêtres grands et petits et de multiples autres simoniaques. C'est pourquoi il a qualifié cette institution une "caverne de voleurs" et ses membres des "bandits".

 

Les évangélistes Luc et Marc lient clairement l'arrestation de Jésus et sa condamnation à mort à cet acte révolutionnaire de mise en cause de l'organisation financière frauduleuse sur laquelle reposait la prospérité des hiérarques religieux, grand prêtre en tête: "Les principaux sacrificateurs et les scribes, l'ayant entendu, cherchèrent les moyens de le faire périr; car ils le craignaient" écrit Marc. Ces derniers étaient d'autant plus inquiets et furieux contre cet agitateur public que "la foule était frappée de sa doctrine", ce qui signifie qu'elle approuvait le geste sacrilège. Il fallait donc mettre un terme au plus vite à une sédition naissante qui risquait de détruire le juteux commerce dont ils étaient les bénéficiaires privilégiés.

 

clip_image002[1]2 - A mort, le contestataire du système usuraire du temple!

 

Dans les premières pages d'un ouvrage paru en 1923 et critiquant le système monétaire créé aux Etats-Unis le 23 décembre 1913 , The True Function of Money & the False Foundation of Our Banking System Bank, non traduit en français (La véritable fonction de la monnaie et les fondements frauduleux de notre système bancaire) ouvrage largement antérieur à celui de Eustace Mullins - Secrets of the Federal Reserve , The London Connection , 1952 - Frederick Raphael Burch est le premier historien à avoir analysé cette contestation révolutionnaire d'un système financier fondé sur une fraude et à la comparer à la création d'un autre système frauduleux, lequel sévit depuis un siècle, et dont le monde continue de subir les conséquences désastreuses, la création de la Réserve Fédérale (FED) et l'invention de la monnaie privée des banquiers, le dollar.

 

"Jesus Christ dared to oppose the "money changers" and for that he was murdered. "As long as Christ confined his teachings to the realm of morality and righteousness, He was undisturbed; it was not until He assailed the established economic system and 'cast out' the profiteers and 'overthrew the tables of the money changers,' that He was doomed." [2] Jesus accused the "money changers" of turning the Temple into a "den of thieves." (...) The day after Jesus challenged the money system, He was interrogated. The next day, He was betrayed. The following day, He was tried, and on the fourth day He was executed."

 

Jesus-Christ osa s'opposer aux "changeurs de monnaie", et pour cela, il fut assassiné. Aussi longtemps que le Christ limitait son enseignement au domaine de la morale et de la justice, il ne fut pas dérangé; il ne le fut pas jusqu'à ce qu'il s'en prît au système économique établi et renversât les tables des changeurs, c'est à cause de cela qu'il fut condamné. Jésus a accusé « les changeurs de monnaie» d'avoir transformé le Temple en « une caverne de voleurs». (...) Le lendemain de sa contestation du système monétaire, il fut interrogé. Le jour suivant il fut trahi, jugé le jour d'après et le quatrième jour, il fut exécuté."

Frederick Raphael Burch, The True Function of Money & the False Foundation of Our Banking System Bank, 1923

 

Mais les "changeurs" n'étaient pas les seuls bénéficiaires du juteux commerce qu'engendrait la "caverne de voleurs" dans laquelle officiait un pléthorique personnel de prêtres-sacrificateurs qui pratiquaient un lucratif commerce de viande de boucherie, puisque seul le sang était offert en hommage à la divinité alors que la viande devenait la propriété des sacrificateurs. C'est la coalition de tous les profiteurs qui gravitaient autour et dans le temple qui a abouti à l'élimination expéditive du trublion.

 

Croyant se débarrasser d'un contestataire blasphémateur, les rusés notables du temple n'avaient pas prévu à quel point leur acte se retournerait contre eux. Comment auraient-ils pu imaginer, même dans leurs cauchemars les plus terrifiants, que leur vengeance aurait pour conséquence extraordinaire la naissance d'une nouvelle religion destinée à anéantir la leur? Ces petits hommes ne savaient pas que les hommes-signes sont plus vivants lorsqu'ils sont morts que durant de leur trottinement sur la terre.

 

Car c'est précisément la crucifixion qui s'ensuivit du courageux contempteur de la première magouille bancaire violemment dénoncée - et le miracle de la résurrection du mort proclamée trois jours après - qui fut la pierre d'angle et le point de départ du christianisme. Les Pharisiens ont donc bien involontairement créé les conditions qui ont assuré la vie éternelle à un "délinquant" et à un "agitateur social", à un contestateur de l'ordre social en vigueur. Naturellement, il n'existe pas de trace que cet aspect de la contestation de Jésus ait été examiné, ni même soulevé, lors de son procès devant le Sanhédrin, qui a préféré s'en tenir à des accusations théologiques.

 

La hiérarchie catholique n'insiste pas non plus sur la proximité dans le temps entre le scandale provoqué par la violente dénonciation des trafics en tous genres qui se déroulaient dans le temple et la crucifixion de son fondateur. Officiellement, elle adopte d'autant plus volontiers les motivations théologiques brandies par les hiérarques pharisiens, afin de justifier la condamnation, puis l'exécution de l'imposteur par le bras séculier romain, qu'elle est elle-même très rapidement devenue une puissance temporelle opulente.

 

L'histoire est facétieuse. Un court billet dans le Monde daté du 5 janvier 2013 signale que les terminaux de paiement par carte de crédit dans l'Etat du Vatican viennent d'être désactivés et que la Banque d'Italie interdit le Vatican de carte de crédit. Motif invoqué par la filiale de la Deutsche Bank qui gère le terminal de paiements par carte de ce mini-Etat: insuffisance en matière de lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme.

 

Jésus, prends ton fouet et reviens, les "changeurs" se sont installés dans les caves de ta propre maison et l'ont transformée en une "caverne de voleurs"!

 

clip_image002[2]3 - Le Talmud traduit en anglais: l'édition Soncino

 

Une description extraordinairement précise du rituel des sacrifices en vigueur dans le temple du temps de sa splendeur hérodienne existe aujourd'hui, et sa source incontestable est accessible à tous: la Mishnah.

 

Je rappelle que la Mishnah est présentée comme la transcription intégrale de la fameuse "loi orale" , censée avoir été directement dictée par Jahvé à un Moïse - dont il est avéré qu'il n'a jamais existé ailleurs que dans les cerveaux des rédacteurs de la "loi écrite" ou Thora - et dont le contenu a été caché à la masse des fidèles durant deux millénaires. C'est pourquoi elle s'intitule Mishnah, qui signifie répétition - répétition de la "loi orale", donc des paroles de Jahvé lui-même. Ce texte rédigé dans un mélange d'hébreu et d'araméen constitue la partie la plus ancienne du Talmud dont la la gigantesque rédaction s'étendit sur plusieurs siècles.

 

Selon la narration officielle, durant les deux millénaires qui ont précédé la rédaction du texte, des "sages" jouissant d'une excellente mémoire se seraient transmis de génération en génération, les secrets et les directives révélés par Jahvé à Moïse sur le mont Sinaï et cela, sans en changer une seule lettre. Pendant le siège le Jérusalem par les armées de l'empereur romain Titus - et avant même la destruction du temple construit par le roi Hérode au premier siècle avant notre ère - le sanhédrin s'était prudemment transporté à la campagne, à Yavné. Là, ses membres avaient pris la décision de commencer à transcrire cette " loi orale" par écrit afin que rien ne s'en perdît. Il faut donc en conclure que le rituel des sacrifices tel qu'il se déroulait alors dans le temple avait été conçu et énoncé par Jahvé en personne.

 

J'ai longuement décrit les circonstances de la rédaction des deux Talmud - celui dit "de Jérusalem" et celui beaucoup plus abondant dit "de Babylone" dans le chapitre intitulé Petite généalogie du ghetto appelé Israël .

 

Les profanes ont désormais accès au texte grâce à la seule traduction intégrale officielle en langue vernaculaire - en anglais - de ce gigantesque ensemble. La première édition intégrale et annotée est parue en 1935 chez Soncino Press.

 

Appelée Edition Soncino, éditée en trente cinq volumes, à un nombre très limité d'exemplaires, on ne pouvait plus la consulter qu'à la Bibliothèque du Congrès ou à la bibliothèque publique de New York. En 1961, une nouvelle édition en dix-huit volumes a repris l'intégralité de l'édition Soncino en la complétant d'un glossaire, d'une table des abréviations et d'un index thématique général. Une version hypertexte anglaise de 1431 feuillets est actuellement disponible sur internet. C'est à cette version que se rapporteront les références des citations ci-dessous.

 

C'est donc grâce à cette traduction officielle du Talmud en anglais, et garantie par des rabbins, que des non hébraïsants et non spécialistes de l'araméen palestinien et babylonien peuvent connaître, à partir de la meilleure source, le déroulement des opérations rituelles dans le temple de Jérusalem, ainsi que tout son fonctionnement.

 

clip_image002[3]4 - Le déroulement des sacrifices dans le temple de Jérusalem

 

Le temple est à la fois une étable qui recueille les animaux, un équarrissage lors de l'égorgement rituel et une boucherie au moment du partage des morceaux de viande entre les différents officiants, appelés "prêtres". Le sang est le cœur du rituel. Le rabbin Epstein, l'éditeur - au sens anglais du terme, c'est-à-dire le maître d'œuvre de l'édition Soncino - explique dans son introduction que l'aspersion avec le sang de la bête égorgée constituait le cœur du rituel du temps de Jésus. Lors de l'égorgement du taureau ou du bouc, "their blood requires sprinkling between the staves [of the ark], on the veil, and on the golden altar …" "leur sang sert à asperger l'espace autour de l'arche, le voile [qui dissimule l'arche] et l'autel d'or." (Babylonian Talmud, Tractate Zebahim 47a Soncino 1961 Edition, page 238)

 

Lors de la création de l'Etat d'Israël en 1948 ce même rabbin Epstein a déploré que la restauration du rituel des sacrifices sanglants rencontrât, pour le moment encore soupirait-il, des problèmes pratiques! Mais ils sont nombreux, ajoutait-il, les juifs qui attendent que l'Etat s'empare du Mont du Temple, démantèle les lieux saints musulmans et érige le Troisième Temple sur le site.

 

C'est donc au nombreux versets du Talmud que nous devons les renseignements précieux qui nous sont parvenus sur la manière dont se déroulait le rituel des sacrifices.

 

Il en existait de nombreuses catégories: ils étaient soit obligatoires, soit volontaires. Il y avait des sacrifices collectifs engagés au nom de toute la communauté qui se divisaient entre ceux qui étaient réalisés tôt le matin et ceux qui se déroulaient l'après-midi, chacun avec un rituel différent. A ceux-là s'ajoutaient les sacrifices supplémentaires pour les Sabbats, les Nouvelles Lunes, les Fêtes ou le Jour du Grand Pardon.

 

Quant aux sacrifices individuels, certains d'entre-eux présentaient un caractère honorifique et étaient des offrandes effectuées en hommage à Dieu (Shelem plur. Shelamim), mais d'autres d'autres étaient piaculaires (Hattath) , c'est-à-dire expiatoires d'une faute, d'autres encore étaient tributaires et l'offrande était présentée en signe reconnaissance à un Dieu dispensateur des dons de la nature (Todah). Là encore chaque type de sacrifice possédait son rituel spécifique.

 

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Sacrifice expiatoire d'un bouc (illustration)

 

Ainsi, au moment du sacrifice des boucs pour la rémission des péchés, lors des nouvelles lunes, l'animal est placé au nord, puis les prêtres déterminent par tirage au sort celui qui égorgera la bête, celui qui aspergera avec le sang, celui qui effacera les cendres des flambeaux, celui qui lèvera la tête de l'animal, celui qui sera chargé de la jambe droite, cet autre de la jambe gauche et ainsi de suite de toutes les parties du corps de l'animal au moment de le déposer sur l'autel. (Babylonian Talmud, Tractate Tamid 30b Soncino 1961 Edition, pages 19-20)

 

Il s'agissait d'égorger l'animal du bon côté de l'autel: le sacrifice du matin s'opérait dans le coin nord-ouest de l'autel, alors que celui du soir avait lieu dans le coin nord-est. Le sang de la bête devait lui aussi être recueilli du bon côté. (Babylonian Talmud, Tractate Tamid 30b Soncino 1961 Edition, page 22)

 

Le sang était rituellement offert à Jahvé, mais dans la réalité, et une fois coagulé, collé sur tout ce qui venait d'être aspergé, le voile, les murs, l'autel, le sol, il formait nécessairement une croûte noirâtre et puante qui attirait d'autant plus des nuages de mouches qu'une fois l'animal vidé de son sang, les nombreux officiants-bouchers et équarisseurs, dénommés "prêtres", procédaient à la répartition des morceaux de viande, si bien que la puanteur des entrailles et de leur contenu venait se mêler à celle du sang.

 

A Jahvé le sang, aux prêtres la viande dont ils faisaient commerce. De tous temps, le prêtre vit de l'autel. La Mishnah détaille avec minutie la manière dont le boucher sacrificateur doit procéder lors du dépeçage et de la répartition des morceaux: il commence par le geste classique de l'équarisseur qui consiste à faire un trou dans une jambe afin de suspendre l'animal, puis à l'ouvrir jusqu'aux côtes. Le texte n'oublie pas de préciser comment extraire le cœur, les poumons, le foie, qui doit être coupé en deux et débarrassé, comme il se doit de la vésicule biliaire.

La répartition des morceaux s'effectuait selon un tirage au sort préalable entre les participants. Le sacrificateur remettait alors l'estomac et les intestins - les tripes - entre les mains de celui auquel avait échu le lot des entrailles, afin qu'il les lavât au moins trois fois sur des tables de marbre qui se trouvaient entre les piliers. (Talmud de Babylone, traité Tamid 31a Soncino édition de 1961, page 23 )

 

La Mishnah décrit ensuite le découpage de la totalité de l'animal, la poitrine, les côtes, le dos, le cou, la queue, les reins, etc, et la distribution des différents morceaux aux prêtres auxquels ils étaient destinés. Le prêtre-boucher commence par décapiter la bête et répartir les morceaux de la carcasse - dont on ne semble pas avoir enlevé la peau, en tout cas, cette opération n'est pas décrite. Découpage et distribution de tous les morceaux se poursuivent selon un ordre rigoureusement codifié. (Babylonian Talmud, Tractate Tamid 31a Soncino 1961 Edition, pages 23-24 )

 

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The National Sin Offering (illustration from the 1890 Holman Bible)

 

De même est codifiée la manière de recevoir et de présenter la part qui est dévolue à chacun. Au moment de la distribution, tous les participants commencent par mettre en rang. Le premier prêtre se voit nanti de la tête, qu'il doit tenir de sa main droite, le museau tourné vers le bas, et de l'ensemble patte et cuisse arrière droite, qu'il doit tenir avec sa main gauche - évidemment, puisque c'est la seule disponible, mais c'est néanmoins précisé. (Babylonian Talmud, Tractate Tamid 31a, 31b Soncino 1961 Edition, page 24)

 

Le second prêtre se voit attribuer les deux membres avant jusqu'à l'épaule et doit tenir la patte droite dans sa main droite et la patte gauche dans sa main gauche.

Le troisième prêtre est l'heureux bénéficiaire de la queue et de la patte et cuisse arrière gauche et se doit de tenir la queue avec les doigts de sa main droite. Il se voit également attribuer un morceau de foie et les deux rognons. Il n'est pas dit comment il présente ces deux abats, les deux mains étant déjà occupées.

Au quatrième prêtre échoie la poitrine et le cou, la poitrine étant tenue dans sa main droite et le morceau de cou dans sa main gauche.

 

Le cinquième prêtre reçoit les deux flancs, celui de droite présenté dans sa main droite, et celui de gauche dans sa main gauche.

 

Pour le sixième prêtre il ne reste plus que les tripes - qu'il vient de laver - et il les présente sur un plateau .

 

Avec le septième prêtre on passe à la farine, le huitième n'a plus que des galettes et le neuvième du vin. (Babylonian Talmud, Tractate Tamid 31b Soncino 1961 Edition, page 25)

 

On voit que le sort établit une hiérarchie et que les parts sont loin d'être équivalentes.

 

Les mains de tous ces "prêtres" sont couvertes de sang. La nécessité de les laver - ou pas - dépend du moment où le sang a giclé sur lesdites mains, si c'est avant ou après le rite de l'aspersion. Les rabbins en discutent encore...Il n'existe pas d'accord sur ce point capital entre ceux de la Guemara - plutôt contre - et ceux de la Mishnah - plutôt pour. ( Babylonian Talmud, Tractate Middoth, Chapter III, Mishnah 2 Soncino 1961 Edition, page 12)

 

Dans le chapitre III de la Mishnah, une description d'un détail de la construction de l'édifice permet de se faire une idée de l'immense flot de sang que produisaient tous ces égorgements: "At the South-Western corner [of the foundation] there were two openings like two fine nostrils through which the blood which was poured on the western side of the foundation and the soutern side flowed down till the two streams became mingled in the channel, through which they made their way out to the brook of Kidron."

 

"Au coin sud-ouest [du bâtiment] deux ouvertures avaient été aménagées dans les fondations, semblables à deux jolies narines à travers lesquelles coulait le sang qui avait été répandu du côté ouest du sol et celui de la partie sud s'écoulait de telle sorte que les deux flots se mêlaient en une seule coulée qui traçait son chemin jusqu'au ruisseau appelé Kidron." (Babylonian Talmud, Tractate Middoth, Chapter III, Mishnah 2 Soncino 1961 Edition, page 12 )

 

Jacques Prévert aurait pu se demander à juste titre: "Où s'en va-t-il tout ce sang répandu?", où s'en vont ces "grands ruisseaux de sang"?

 

Voir : Un Enfant est mort

 

Toute cette boucherie se déroulait dans un environnement d'un luxe inouï. Les huit tables de sacrifice étaient en marbre. Si elles n'étaient ni en argent, ni même en or, ce n'était pas par économie ou manque de financement, mais uniquement parce que le métal aurait "chauffé", donc gâté la qualité de la chair des bêtes. Les bouchers veillaient sur leur marchandise! La vaisselle et les bassines dans laquelle les intestins et l'estomac étaient vidés et lavés étaient également en or et en argent, de même que les plats sur lesquels étaient posés les pains de proposition, de même que les portes.

 

Le temple était le lieu de la richesse maximale et il ne devait s'y manifester aucun signe de pauvreté. (Babylonian Talmud, Tractate Tamid 31b Soncino 1961 Edition, page 26)

 

Il était inévitable que dans un tel environnement, un spirituel révolté qui vient crier: "Ne faites pas de la maison de mon Père une maison de trafic" ne pouvait que passer pour un agitateur écervelé et pour un destructeur irresponsable de l'ordre religieux et social établi - donc pour un "terroriste" - et, faute de cul de basse-fosse et de Guantanamo, à l'époque, afin de le faire disparaître du monde des vivants, il était inévitable qu'il soit exécuté. C'est bien pourquoi "les principaux sacrificateurs et les scribes, l'ayant entendu, cherchèrent les moyens de le faire périr".

 

clip_image002[4]5 - L'alliance du sang et de l'argent

 

La partie la plus intéressante de l'ouvrage de Jacques Attali intitulé Les Juifs, le Monde et l'Argent - les majuscules des substantifs sont de l'auteur - concerne l'analyse étymologique des mots hébreux, ce qu'il appelle joliment un "voyage sémantique" . "On ne peut rien comprendre à la pensée juive, en particulier à son rapport à l'argent, si l'on ne s'intéresse pas au sens des choses tel que le révèle la généalogie des mots qui les désignent." (p. 37)

 

Le rapport du judaïsme à l'économie est lié à son vocabulaire, démontre-t-il, et la structure de son vocabulaire est lié à sa manière de penser, donc à son identité profonde. C'est pourquoi il s'agit de "débusquer des points communs entre des mots qui s'écrivent avec les mêmes consonnes" - en hébreu, on n'écrit pas les voyelles - et donc de découvrir "des invariants communs" à des faits ou à des actes apparemment étrangers les uns aux autres, par le simple jeu de la vocalisation des voyelles.

 

J'en viens à l'analyse qu'il fait du mot argent au sens de "richesse", présent trois cent cinquante fois dans la Thora et qui s'écrit avec trois consonnes KSF. Selon que ces trois consonnes sont vocalisées avec la voyelle a, e ou o, on obtient le désir, la réclamation d'un dû, l'envie, la nostalgie, le vol, la langueur (devant un désir impossible à satisfaire), l'amour, la passion. Tous ces mots interagissent entre eux si bien que consciemment ou inconsciemment, ces sentiments sont en relations non seulement entre eux, mais avec l'argent qui permet de les satisfaire ou de s'en rendre maître et qui, étymologiquement parlant, figure leur matrice originelle. La Bible l'exprime en toutes lettres: "L'argent et le désir sont indissolubles et insatiables. Celui qui aime l'argent n'est pas rassasié par l'argent, et celui qui aime les richesses n'en profite pas. C'est encore là une vanité." L'Eccésiaste, 5-10

 

Mais l'argent, c'est aussi la monnaie, c'est-à-dire le numéraire bien concret, celui qu'on tient dans la main et qu'on peut manipuler. Et là, les correspondances sont saisissantes au point qu'on pense irrésistiblement au poème de Baudelaire, à ses "forêts de symboles" et à la "ténébreuse et profonde unité" des symboles qui ont jailli du cerveau humain.

 

En effet, l'argent-monnaie au sens de redevance due se dit DaMim et le sang DaM (qui s'écrit DaMim au pluriel). Sang et monnaies sont donc un seul et même vocable. Attali insiste sur cette rencontre sémantique particulièrement révélatrice - "dangereuse et lumineuse proximité", écrit-il - le même mot DaMim désignant à la fois l'argent sous la forme de richesse à thésauriser et en son pluriel et le sang, car ce liquide, comme l'argent lui-même, n'est pas réductible à l'unité. Le sang coule, il est abondant et il est bien rare qu'on ne dispose que d'une seule pièce de monnaie.

 

"L'argent, substitut du sang: on asperge l'autel avec le sang (DaM) de l'animal sacrifié acheté avec l'argent (DaMim) de celui qui offre le sacrifice." Jacques Attali, Les Juifs, le Monde et l'Argent, p. 40

 

C'est donc au cœur même du vocabulaire hébreu que surgissent tout à coup les tables des "changeurs" et les flots de sang des sacrifices de bestiaux évoqués ci-dessus. La superposition de sang et de la monnaie en un seul et même vocable interchangeable ouvre d'un seul mouvement la porte d'accès à la chambre des sacrificateurs et aux usuriers qui tentaient d'extorquer le plus d'argent possible aux pauvres pèlerins qui croyaient que le temple était une "maison de prière" et qui se retrouvaient dans une "caverne de brigands".

 

Lorsque le temple sera détruit, que cesseront les égorgements religieux de bestiaux et que les ruisseaux de sang tariront à Jérusalem, l'argent demeurera orphelin de son lien psychologique avec les sacrifices, c'est-à-dire avec le noyau dur de son rituel. Attali en est conscient : "Le peuple juif, écrit-il, fait de la monnaie l'instrument unique et universel d'échange, tout comme il fait de son Dieu l'instrument unique et universel de la transcendance." (p. 41)

 

clip_image002[5]6 - Petite généalogie du mot "juif"

 

Jacques Attali parle, comme d'une évidence, d'un "peuple juif" . De même, 1er novembre 2012, le Président de la République, François Hollande, commémorant la tuerie de quatre citoyens franco-israéliens par un jeune djihadiste français, a affirmé, lors d'une cérémonie d'une cordialité touchante à l'égard du chef d'un gouvernement d'extrême droite israélien en campagne électorale en France, M. Benjamin Netanyahou, que : "Les Juifs de France doivent savoir que la République met tout en œuvre pour les protéger. La garantie de leur sécurité est une cause nationale. Elle n'est pas l'affaire des Juifs mais celle des Français dans leur ensemble".

 

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B. Netanyahu et F. Hollande, lors d'un point presse commun, le 31 octobre 2012 (CHAMUSSY/SIPA)

 

Ce qui frappe dans la déclaration officielle du Président Hollande telle qu'elle a été rapportée par la presse écrite, c'est la répétition du mot "Juifs" et de l'expression "Juifs de France". Quant à la majuscule qui habille le mot "Juif", elle confère à ce groupe le statut d'ethnie ou de peuplade étrangère. On sait que de nombreux groupes d'Anglais vivent désormais en France. Ces "Anglais de France" qui possèdent leurs propres journaux régionaux, leurs temples et même leurs écoles, se sont établis principalement dans le Périgord et dans la région Centre. Les "Juifs de France" décorés de leur majuscule révérentielle seraient-ils eux aussi, aux yeux des autorités officielles de la France, à l'instar les Anglais, une minorité ethnique étrangère établie sur le sol notre patrie?

 

Depuis quand parle-t-on, en France, de "Juifs", et qui plus est, couronnés d'une majuscule?

 

L'antiquité ne connaissait pas le mot "juif". On parlait d'Israélites à propos des tribus d'Hébreux sémites ayant pour ancêtre éponyme Israël, nouveau nom du personnage mythique Jacob. Un fils tout aussi mythique, Juda, dont le nom hébreu est Yehuda, a donné naissance aux Yehudim, mot traduit en français par Judaïtes. L'hébreu Yehudim fut traduit en grec par Ioudaiôn et en latin par Iudaean.

 

Du temps de la courte indépendance du territoire qui correspond à l'actuelle Palestine, les populations étaient désignées par leur origine géographique. Les Judéens habitaient la Judée, les Samaritains la Samarie, les Galiléens la Galilée et les Iduméens l'Idumée. Mais après leur conquête, les Romains ne s'étaient pas embarrassés de subtilités régionales et désignaient globalement ces confettis de leur immense empire sous le nom général de Iudaea.

 

Ainsi, lors de la crucifixion de Jésus, Ponce Pilate a fait inscrire sur la croix : Iesus Nazarenus rex Iudaeorum, c'est-à-dire, c'est-à-dire, Jésus de Nazareth roi ou plutôt chef des Judéens, bien qu'il fût Galiléen. En effet, Iudaeorum est le génitif pluriel de Iudaeus, c'est-à-dire Judéen. Quant au mot rex, il n'a été traduit par roi qu'ultérieurement. Ainsi Vercingéto-rix (rex) n'était pas le roi des Gaulois, mais un chef de tribu.

 

Il n'existait pas non plus d'universalisme du culte du Dieu Jahvé. Les Pharisiens, les Sadducéens, les Zélotes ou les Esséniens se combattaient et se haïssaient cordialement. Ces mouvements, ou plutôt ces sectes, possédaient chacun leur manière particulière de participer au culte de Jahvé, mais, par rapport aux "païens" hellénisés, ils étaient désignés sous la terminologie générale de Yehudim, c'est-à-dire, comme il est dit plus haut, de fidèles d'un culte qui avait son origine dans le royaume de Juda.

 

Le fondateur du christianisme était un Galiléen appartenant probablement à la secte des Esséniens - mais les avis divergent sur ce dernier point. Il n'était donc ni un Yehudim - puisque seuls les Pharisiens judéens pouvaient se réclamer de ce terme - ni, à plus forte raison, un Juif, puisque ni le mot, ni la notion que recouvre ce mot n'existaient en ce temps-là.

 

L'ouvrage le plus connu de l'historien hiérosolémite de l'époque, Flavius Josèphe (env.37 à env. 100) est traduit en français sous le titre La guerre des Juifs. Or, ce récit rédigé dans la langue de la région depuis le retour de Babylone, à savoir l'araméen, a été traduit en grec à destination de l'élite cultivée romaine sous le titre littéral : Historia Ioudaikou polemou pros Rômaious, c'est-à-dire Histoire de la guerre judéenne ( ou des Judéens) contre les Romains.

 

Voir - 5 - La théocratie ethnique dans le chaudron de l'histoire

 

Le titre actuel, La guerre des Juifs, est un anachronisme, Ioudaikou n'a jamais voulu dire "des Juifs". Il s'agit de la même racine que dans le latin Iudaeus, c'est-à-dire Judéen. D'ailleurs cette guerre s'est déroulée à Jérusalem, donc en Judée.

 

 

"Mal nommer les choses, c'est ajouter au malheur du monde". Albert Camus.

 

 

clip_image002[6]7 - Le mot "juif" entre officiellement dans le vocabulaire français

 

Le mot "juif", avec ou sans majuscule, est relativement récent dans un texte écrit français. Il résulte d'une contraction phonétique du mot latin Iudaeus. En France, le prévôt des marchands de Paris, Etienne Boileau fut le premier à utiliser ce mot à la fin du XIIIe siècle dans son ouvrage Les métiers et corporations de la ville de Paris. Rédigé en 1268, ce texte juridique compile les statuts des différents métiers réglementés. Quant au moine de Saint-Médard et poète religieux, Gautier de Coincy, il fut le premier à parler de judaïsme dans son recueil intitulé les Miracles de Notre-Dame (1218). Le terme général de judaïsme, existe cependant chez l'historien juif Flavius Josèphe, détesté par ses co-religionnaires, parce que considéré comme un traître. Longtemps rejeté par les membres de cette communauté eux-mêmes, l'emploi de ce terme est donc devenu courant lorsqu'il s'est agi de distinguer le christianisme, devenu la religion dominante, de la religion du dieu Jahvé, quelles que soient les sectes, pratiquée par ses fidèles hors de Palestine.

 

Il est intéressant de noter que le mot "Juif" - écrit avec une majuscule - apparaît pour la première fois dans un ouvrage qui recensait les métiers et les corporations. Comme tout ce qui survient dans le temps, le vocabulaire a une histoire. Un mot s'impose lorsqu'il exprime une réalité sociologique ou économique et n'est jamais le fruit du hasard. Or "Juifs" n'étant ni un métier, ni une corporation, il est logique d'en déduire que ce groupe était directement associé à l'exercice d'une profession spécifique, immédiatement identifiable et qu'il n'était pas nécessaire de la préciser davantage. Dans l'ouvrage d'Etienne Boileau, on rencontre à trois reprises l'allusion à des Juifs.

 

Dans la première, ils figurent en victimes d'une spoliation: "Les drapiers existaient aussi en communauté dès 1183: à cette époque, ils obtinrent du Roi, moyennant cent livres parisis de cens annuel, la propriété de vingt-quatre maisons confisquées sur les Juifs."

 

Dans la seconde, ils sont caractérisés par leur activité de prêteurs sur gages - c'est-à-dire d'usuriers - et se trouvent en rivalité avec les Lombards qui prêtaient à 10% par mois: " Les Juifs et les Lombards - qui étaient, pour la plupart, des marchands italiens - introduisirent en France la pratique du prêt sur gages."

 

Dans la troisième, les boutiques des Juifs sont dénoncées comme des lieux de magouilles commerciales et d'incitation à la malhonnêteté: " On a déjà vu plus haut (titre XXX.V, art. 9) qu'il était défendu aux fileresses de vendre ou d'échanger chez les Juifs la soie qu'on leur avait confiée pour la filer. Les prescriptions étaient peu observées sur ce point, qui pourtant n'exigeaient que les premières conditions d'honnêteté, et les prévôts de Paris furent obligés de recourir aux peines les plus sévères pour arrêter ces abus. On voit quelle était la culpabilité de ces ouvrières, qui échangeaient la matière première qu'on leur avait remise contre d'autres matières de moins bonne qualité." (version en français moderne)

 

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Une page de l'ouvrage Les métiers et corporations de la ville de Paris rédigé en 1268 par Etienne Boileau (Texte original)

 

Entre le Xe et le XIIIe siècle, l'Europe de l'ouest a connu un profond bouleversement sociologique, religieux et politique. En effet, au début du IIe millénaire, l'Europe tout entière était devenue chrétienne. L'Eglise catholique latine avait consolidé ses fondations théologiques et son autorité spirituelle tout en se doublant d'un pouvoir politique centralisé, qui avait remplacé l'ancien pouvoir impérial romain. En même temps, les nations naissaient et se structuraient, mais toujours avec la bénédiction de l'Eglise.

 

Or, c'est également à cette époque - entre le Xe et le XIIIe siècle - que le corps social européen subissait de profondes modifications économiques. Les métiers s'organisaient en ghildes, en confréries ou en associations; mais là encore, l'Eglise était omniprésente, car toutes étaient placées sous la protection d'un saint patron. "Le maître qui garde le métier doit faire jurer à l'apprenti sur les Saints Évangiles, qu'il se conformera aux usages et coutumes du métier", précise le manuscrit du Livre des Métiers d'Etienne Boileau.

 

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En même temps, l'espace de l'habitat s'était profondément modifié, les églises ceintes de leurs petits cimetières blottis autour de ces monuments s'étaient multipliées et étaient devenues le coeur vivant des paroisses. Dans les cités médiévales entourées par des remparts protecteurs sur lequels des guetteurs faisaient la ronde et sonnaient le tocsin en cas de danger, avec leurs rues étroites, sales et sombres dans lesquelles on jetait les ordures et les eau usagées, les corps de métiers étaient regroupés par rues. Il existait donc une rue des boulangers, des tanneurs, des tisserands, etc.

 

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Plan de Carcassonne au Moyen-Age

 

L'espace chrétien et l'espace social se superposant, les Juifs se sont trouvés inintégrables dans des sociétés purement chrétiennes.

 

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Chany (Yonne) Rue des Juifs

 

C'est pourquoi ils se sont non seulement regroupés dans des quartiers particuliers, souvent appelés "juiveries", avec leurs rues et leur cimetière, leur lieu de prière, mais lors du IVe concile de Latran en 1215 le pape Innocent III a publié un décret qui les contraignait à porter des signes distinctifs sur leurs vêtements: la rouelle. Ces signes vestimentaires distinctifs variaient selon les pays et même en fonction des régions d'un même pays. Louis IX dit "Saint Louis" avait même ordonné, en 1269, le port de deux signes jaunes l'un dans le dos, l'autre sur le poitrine, à partir de 14 ans - aux yeux des chrétiens, le jaune symbolisait, le soufre, le traitre Judas, Lucifer . Ne dit-on pas, aujourd'hui encore, d'un briseur de grève, qu'il est un jaune?

 

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Enluminure sur un manuscrit du Moyen-Age : vers 1460, un juif allemand porte la rouelle. Manuscrit Add. 14762, British Library, Londres

 

En Allemagne, un décret du Concile de Vienne en 1267 imposait aux Juifs le port d'un chapeau particulier, le «Judenhut». C'était un sorte de couvre-chef plat avec une pointe. Comme toujours, un impôt permettait à ses riches propriétaires de se dispenser de cette identification humiliante.

 

Pour Thomas d'Aquin, les Juifs étaient des étrangers de l'intérieur, "ceux qui sont dehors" - c'est-à-dire hors de la chrétienté. Mais les marquages vestimentaires et les couvre-chef ont progressivement été abandonnés et ont disparu en Europe à partir du XVIe siècle, hormis à Venise, où l'obligation du port du chapeau fut maintenue jusqu'au XVIIIe siècle.

 

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Gravure: à droite, Juif portant le Judenhut

 

C'est là que nous retrouvons la formulation maladroite du Président Hollande avec sa désignation des "Juifs de France", redevenus, semblerait-il, huit siècles plus tard, des "étrangers de l'intérieur" dans une société française laïque et proclamée républicaine et égalitaire.

 

Cette petite mise au point étymologique m'a semblé importante pour démontrer que le discours du Président François Hollande est chargé jusqu'à la gueule d'une idéologie politique calquée sur la narration imaginaire de son hôte du moment.

 

Parler de "Juifs de France" aujourd'hui, c'est retrouver spontanément l'esprit ségrégationniste et les catégories mentales du haut Moyen-Age - celles des talmudistes de cette époque - mais qui demeurent encore et toujours celles des talmudistes d'aujourd'hui, rebaptisés sionistes.

 

clip_image002[7]8 - Les juifs et la spécialisation financière

 

Pendant que les sociétés chrétiennes se structuraient, et malgré les mesures discriminatoires dont elles étaient l'objet, plus ou moins sporadiquement, plus ou moins violemment selon les lieux et les souverains, d'importantes colonies juives s'étaient installées en France, en Allemagne, puis en Europe centrale, en Bohême, en Hongrie, en Pologne et en Angleterre - l'Espagne est un cas à part, l'immigration judéenne y était présente depuis plusieurs siècles, avant même l'arrivée de l'islam.

 

Les groupes qui ne reconnaissaient pas l'Evangile et les décisions conciliaires étaient donc automatiquement exclus du grand mouvement de refonte politique de la société. Comme ces groupes ne pouvaient intégrer aucune corporation existante ou en constituer une nouvelle, puisque toutes étaient d'obédience chrétienne, ils ne pouvait donc subsister que par la pratique d'un métier particulier et interdit aux chrétiens ou par des pratiques frauduleuses, telles que décrites et dénoncées par Etienne Boileau dans sa compilation des métiers règlementés à Paris.

 

Parmi les innombrables ouvrages sur l'histoire des Juifs ou l'histoire de l'antisémitisme européen, l'ouvrage de Bernard Lazare - L'antisémitisme - que j'ai cité à plusieurs reprises dans les chapitres précédents, occupe une place particulière. Cet auteur est l'un des rares qui ne se contente pas de se lamenter sur le rejet dont ces groupes humains liés par la Thora et le Talmud ont fait l'objet en Europe de l'ouest et de les présenter en victimes d'une méchanceté incompréhensible de la part des chrétiens. Ce sociologue et historien de l'antisémitisme présente les analyses qui permettent de comprendre les raisons qui ont conduit à deux mouvements sociaux antagonistes: rejet de la part des sociétés-hôtes et de repli sur soi des groupes immigrés qui refusaient catégoriquement l'assimilation - puisque cela aurait signifié l'abandon de leur religion, donc de leur identité - tout en profitant des avantages économiques des pays d'accueil.

 

Dans la Palestine devenue terre conquise par les immigrés juifs, la situation est inversée, puisque le moindre sapin de Noël est considéré comme une profanation et une provocation: "Le Rabbinat interdit aux hôtels -sous peine de leur retirer leur licence de kashrut - de décorer leurs halls avec du houx et d'installer, à Dieu ne plaise, le plus petit arbre de Noël lumineux dans un coin de l'entrée". [1] On voit qu'un groupe dominant n'échappe pas à la tentation totalitaire. Sa tyrannie est d'autant plus agressive que sa politique est ouvertement idéologique ou, pire encore, théologique et colonisatrice.

 

La dispersion des communautés, mais néanmoins étroitement rattachées à l'exilarque de Babylonie, puis d'Espagne, avait offert des conditions particulièrement favorables au développement du commerce et notamment du commerce des esclaves d'un très haut rapport, auquel vint s'ajouter un commerce de produits d'exportation et d'importation ce qui permit à quelques-uns d'amasser des richesses considérables. Très rapidement, cette richesse fut transférée vers l'activité la plus lucrative de toutes, le prêt à intérêt qui devint progressivement l'usure. Comme l'écrit Jacques Attali dans son ouvrage Les Juifs, le monde et l'argent, Histoire économique du peuple juif , déjà cité, "pour les Juifs, tirer un intérêt de l'argent n'est pas immoral. (…) L'argent est, comme le bétail, une richesse fertile, et le temps est un espace à valoriser. " ( p. 120)

 

 

"Peuple énergique, vivace, d'un orgueil infini, se considérant comme supérieur aux autres nations, le peuple juif voulut être une puissance. Il avait instinctivement le goût de la domination puisque, par ses origines, par sa religion, par la qualité de race élue qu'il s'était de tout temps attribuée, il se croyait placé au-dessus de tous. (...) L'or leur donna un pouvoir que toutes les lois politiques et religieuses leur refusaient. Détenteurs de l'or, ils devenaient les maîtres de leurs maîtres, ils les dominaient ."

Bernard Lazare, Histoire de l'antisémitisme

 

 

C'est donc à partir de cette période que les Juifs entrèrent dans une catégorisation professionnelle spécifique et que leur présence fut associée aux métiers de changeur, de prêteur, d'usurier. Jacques Attali fait d'ailleurs un éloge dithyrambique de cette spécialisation dans son ouvrage de 2002 . "Je me suis toujours demandé ce qu'il y avait de fondé dans tout ce qui était raconté, y compris le pire, sur le rapport des juifs au monde et à l'argent. J'ai voulu aborder cette question de front, avec franchise et honnêteté, à travers une longue enquête historique, et ma conclusion est que les juifs ont toutes les raisons d'être fiers de cette partie de leur histoire." Et il ajoute: "Certains sages considèrent que prêter aux non-juifs est un devoir, pour les aider à s'enrichir " et que "d'autres s'inquiètent de voir les juifs prendre le risque d'être haïs pour services rendus". [L'orthographe du mot "juif", tantôt avec, tantôt sans majuscule, est toujours celle de l'auteur]

 

Il faut lire Attali pour prendre la mesure d'un mélange de lucidité et d'une bonne conscience à couper au couteau. Ainsi, il écrit tranquillement: "Comme les prêts sont de très courte durée - un an ou moins - et à des taux d'intérêt très élevés, de l'ordre de 50 à 80%, l'accumulation va très vite". Il est clair qu'à un taux pareil, le "service rendu" coûte vraiment cher au malheureux emprunteur qui y a recours et qui a peu de chances, lui, de "s'enrichir". En revanche, l'enrichissement du prêteur est, en effet, ultra rapide.

 

Pour se faire une idée de la manière concrète dont les "services" des prêteurs juifs étaient rendus sur le terrain, la plongée dans la somme du grand auteur russe, Alexandre Soljenitsyne, est capitale. Citant L'Histoire du peuple juif en Russie de H. Hessen (2 tomes, Léningrad 1925), le prix Nobel de littérature montre qu'en Russie et en Pologne - c'est-à-dire les pays dans lesquels la population juive était la plus importante - de nombreux membres de cette communauté exerçaient légalement la fonction de bouilleurs de cru et de cabaretiers en plus de celle de prêteurs d'argent: "Ils parcouraient les villages surtout à l'automne, au moment des récoltes, (…) faisaient boire les paysans et leurs proches, collectaient leurs dettes et les privaient de leur dernière subsistance ". (Alexandre Soljenitsyne, Deux siècles ensemble, t I, p. 54)

Lorsqu'un fait politico-social s'impose, la société invente le vocabulaire qui permet de le désigner. C'est ainsi qu'il n'était pas nécessaire à l'auteur du XIIIe siècle de préciser le métier que recouvrait le mot "Juifs" dans une recension des Métiers et corporations de la ville de Paris.

 

Mais, le rejet de l'assimilation ne relevait pas de la seule volonté et responsabilité des chrétiens. De leur côté, au nom de la pureté de la loi, les rabbins qui encadraient les communautés usèrent de tous les moyens, y compris les plus violents et les plus cruels physiquement, afin d'empêcher que leurs ouailles se joignent à l'homogénéisation des nations en formation.

 

Voir : XIII - Et les Kazars entrèrent dans l'histoire …

 

 

" Quant à la masse des Juifs, elle était entièrement tombée sous le joug des obscurantistes. Elle était désormais séparée du monde, tout horizon lui était fermé; elle n'avait plus, pour alimenter son esprit, que les futiles commentaires talmudiques, les discussions oiseuses et médiocres sur la loi. (...) Par une telle éducation, le Juif ne perdit pas seulement toute spontanéité, toute intellectualité : il vit diminuer et s'affaiblir sa moralité."

Bernard Lazare, Histoire de l'antisémitisme

 

 

 

Le début du IIe millénaire correspond donc à un grand tournant de l'histoire des communautés exilées: ce fut le moment où le peuple de la loi oublia la parole de ses prophètes et s'enferma dans une bigoterie obscurantiste. Ce repli religieux signe la véritable naissance sociale d'un talmudisme pinailleur, héritier direct du pharisaïsme le plus rigoureux, qui établissait une séparation drastique entre les "Juifs" et les "Gentils" sur le territoire de ces derniers et créait une double exclusion. Les fantasmes et les accusations réciproques pouvaient désormais s'en donner à coeur joie.

 

clip_image002[8]9 - L'Eglise catholique et l'usure

 

A l'origine, le christianisme ne pouvait pas renier l'insurrection morale de son fondateur contre les malhonnêtetés financières. Ainsi, les premiers Pères de l'Eglise condamnent vigoureusement aussi bien le prêt à intérêt que l'usure, ce qui, dans leur esprit, était une seule et même chose:

Ambroise (340-397), évêque de Milan : "Qu'est-ce que le prêt à intérêt, sinon tuer un homme?"

 

Pour Jean Chrysostome (344-407) "Rien n'est plus honteux, ni plus cruel que l'usure."

 

Saint Léon, le pape contemporain du sac de Rome par les Vandales en 451 renchérit : "C'est une avarice injuste et insolente que celle qui se flatte de rendre service au prochain alors qu'elle le trompe... Celui-là jouira du repos éternel qui entre autres règles d'une conduite pieuse n'aura pas prêté son argent à usure... tandis que celui qui s'enrichit au détriment d'autrui, mérite en retour la peine éternelle."

 

En 1311, au Concile de Vienne, le pape Clément V déclarait nulle et vaine toute la législation civile en faveur de l'usure, et "si quelqu'un tombe dans cette erreur d'oser audacieusement affirmer que ce n'est pas un péché que de faire l'usure, nous décrétons qu'il sera puni comme hérétique et nous ordonnons à tous les ordinaires et inquisiteurs de procéder vigoureusement contre tous ceux qui seront soupçonnés de cette hérésie."

 

Mais cette position radicale s'est peu à peu émoussée. La chair est faible, la tentation trop grande, si bien que l'Eglise, en mère compréhensive, a cherché - et a trouvé - des moyens détournés afin d'atténuer la rudesse de ses principes. Les principes continueront d'être proclamés, mais la casuistique a permis de tourner le droit canon, et cela d'autant plus rapidement que les demandeurs étaient géographiquement proches du centre du pouvoir temporel de l'Eglise. Ainsi, dès le Moyen Age, il existait à Venise, Gênes, Pise et Florence de grandes banques tenues par des catholiques qui pratiquaient le prêt à intérêt. Contrairement à ce qu'ont prétendu certains historiens, la Réforme protestante n'a rien à voir avec la question de la liberté des activités bancaires: il existait en Allemagne à l'époque de Luther de grandes familles de banquiers catholiques, notamment à Nuremberg: les Fugger, les Hochstetter, les Bielser, par exemple, n'ont pas adhéré à la Réforme et sont restés catholiques et banquiers.

 

Les juristes de la Curie ont donc inventé les notions lucrum cessans, qui reconnaît le manque à gagner, le damnum emergens par lequel la personne qui bénéficie d'un prêt gracieux "indemnise" le prêteur pour le tort que ce dernier a subi d'avoir été privé de son argent durant un certain temps et le periculum sortis qui couvre le risque de ne pas être remboursé à temps. Bref, il s'agit de rien de moins que d'une forme déguisée de l'usure - seul le vocabulaire est changé, mais non la réalité.

 

La situation demeurait variable selon les régions et les pays, néanmoins une hiérarchie sociale s'était créée très rapidement entre les prêteurs: alors que les marchands italiens et germaniques devenus des banquiers prêtaient aux plus riches, notamment aux aristocrates et aux princes, à l'origine les Juifs prêtaient surtout aux petites gens, commerçants, artisans, agriculteurs. De plus l'équipement des candidats aux croisades offrit à ces prêteurs un vaste public sur lequel ils purent exercer leur commerce. Il faudra attendre quelques siècles avant que se créent les puissants établissements bancaires contemporains dont je parlerai ci-dessous.

 

La question de l'exonération des intérêts de ces dettes s'était d'ailleurs très rapidement posée. Ainsi, à la veille de la deuxième croisade, l'abbé de Cluny, Pierre dit le Vénérable (1092-1156) déplorait que les Juifs fussent en train de s'enrichir au détriment des chrétiens. Dans une lettre adressée au roi Louis VII, en 1146, il proposa de les dépouiller de leurs biens "mal acquis" afin de financer, grâce aux richesses de ces impies, la deuxième expédition en Palestine, alors en préparation, en vue de délivrer Jérusalem des Turcs seldjoukides qui, contrairement aux Arabes abassides, refusaient les pèlerinages chrétiens. Il est d'ailleurs l'auteur d'un Adversus Iudœorum inveteratam duritiem (Contre la dureté invétérée des judaïques).

 

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Massacre de juifs par les croisés

 

Une encyclique du pape Benoît XIV, Vix Pervenit adressée le 1er novembre 1745 aux évêques d'Italie, rappelle que l'usure est interdite, quel que soit son taux. L'argumentation en est intéressante: l'argent prêté ne peut pas "travailler" tout seul, donc rapporter un bénéfice, à celui qui, l'ayant prêté, n'en est plus le détenteur, car l'argent n'est pas productif en soi. L'encyclique qualifie de péché le gain, même modeste, produit par l'usure et invite le transgresseur à se confesser. Mais grâce à tous les aménagements ajoutés - tels que décrits ci-dessus - l'Eglise s'empresse de préciser qu'il ne s'agit pas d'une interdiction absolue, mais d'une question de "discernement pastoral".

 

Mais, dans toute l'Europe, seul le royaume de France suivait la position officielle de l'Eglise, qui n'était évidemment pas appliquée dans les pays protestants. Pour les encyclopédistes demander un loyer pour un prêt était parfaitement légitime et en 1769, dans son Mémoire sur les prêts d'argent, le ministre de Louis XVI, Turgot, défendait le prêt à intérêt qui représentait, écrivait-il, le gain qu'on aurait pu faire si on ne s'était pas dessaisi de cette somme.

 

La Révolution française, prenant le contre-pied des rois de France, légalisait le prêt à intérêt le 3 décembre 1789 et le 6 Floréal de l'an II, la Convention décrétait que l'argent est une marchandise comme une autre et qu'on peut la louer, rejoignant ainsi à la fois les positions protestante et juive.

 

Cette autorisation officielle provoqua une montée en flèche des taux, si bien que les conventionnels furent très rapidement contraints de plafonner le taux légal dénommé désormais prêt à intérêt - au-delà de ce taux, commencerait l'usure. Telle est la position officielle de l'Etat de nos jours encore.

 

Les catholiques étaient bien embarrassés, car, en dépit des aménagements de la casuistique, le prêt à intérêt continuait d'être moralement interdit. Durant tout le XIXe siècle, les autorités religieuses se sont contorsionnées dans des formulations alambiquées, coincées entre une pratique tolérée et un interdit officiel. Les confesseurs ne sachant pas s'ils devaient absoudre les prêteurs à intérêt, les évêques de pratiquement tous les diocèses de France, de Belgique, d'Italie se sont tournés, qui vers le Saint Office, qui vers la Pénitencerie générale, qui vers la Propaganda fide, se faisant les porte-parole et les avocats de fidèles à la recherche de capitaux, afin de se lancer dans les affaires et de participer au développement industriel de leurs pays en plein essor et freinés par l'interdit moral de l'Eglise. Alors que la loi civile permettait le prêt à intérêt, la réponse du Saint Siège était toujours la même: pas de légitimation officielle, le prêt à intérêt est toujours une faute. Mais s'appuyant sur la commode notion de lucrum cessans, l'Eglise continuait de louvoyer et recommandait aux confesseurs le "bon sens pastoral" et donc l'autorisation d'absolution des prêteurs.

 

Il faudra attendre le 15 mai 1891 pour le pape Léon XIII (1810-1903) publiât l'encyclique Rerum novarum (Des choses nouvelles) qui constatait le bouleversement économique et social intervenu depuis le début du siècle. Au nom de la protection des pauvres, il condamnait avec une grande fermeté "l'usure dévorante" pratiquée par "des hommes avides de gain et d'une insatiable cupidité", c'est-à-dire un taux d'intérêt trop élevé par lequel des prêteurs sans scrupules exploitent les pauvres, mais pas le principe de l'intérêt modéré.

 

Avec les encycliques Quadragesimo Anno du pape Pie XI, publiée le 15 mai 1931, puis Populorum progressio du pape Paul VI en 1967 et enfin Centesimus Annus de 1991, publiée pour le centenaire de l'encyclique Rerum Novarum par le pape Jean-Paul II, les critiques ne portent plus sur l'usure, ni même sur le prêt à intérêt, dorénavant un fait accompli, mais - déjà - sur la "grande finance" , la spéculation et la manipulation des taux de change. Les têtes pensantes du Vatican avaient lucidement intégré que le problème ne se situait plus au niveau individuel, mais avait passé au niveau des Etats.

 

clip_image002[9]10 - Les modernes "changeurs du temple" et leur système usuraire

 

Les temps sont accomplis et les changeurs frauduleux chassés du temple de Jérusalem à coups de fouet sont de retour. Ils ont édifié des temples de verre et d'acier d'où ils dirigent les sacrifices que les humains rendent à leur puissance. Les particuliers et les Etats sont leurs domestiques et tremblent devant leurs oukazes.

 

Je m'en vais vous mander la ruse la plus mirobolente, la plus simple, la plus efficace, la plus étonnante, la plus surprenante, la plus merveilleuse, la plus miraculeuse, la plus triomphante, la plus étourdissante, la plus inouïe, la plus singulière, la plus extraordinaire, la plus incroyable, la plus imprévue, la plus secrète, la plus perverse, une ruse qui laisserait les alchimistes eux-mêmes sans voix et si efficace que depuis un siècle entier, de Paris à Washington, à Londres ou à Berlin, ses inventeurs règnent en souverains sur le monde entier: ils ont transformé du papier en or.

 

Un mécanisme monétaire particulièrement astucieux leur permet de serrer le cou de leurs victimes: l'argent-dette. Les Etats deviennent alors des zombies obéissants à leurs injonctions. En effet, l'argent que les banques centrales mettaient autrefois à la disposition des Etats n'était chargé d'aucun intérêt. Une bonne gestion supposait que les rentrées fiscales - reflet de la richesse produite - couvraient le montant avancé par la banque centrale. L'inflation résultait d'une rupture de cet équilibre: elle signifiait que la richesse produite était insuffisante par rapport à la somme utilisée pour les besoins du fonctionnement de l'Etat.

De même que le demi-shekel du temple était vendu au triple ou au quadruple de sa valeur faciale, désormais, l'argent dont l'Etat a besoin afin d'assurer son fonctionnement est "emprunté" auprès de banques privées qui le font venir au monde par un simple jeu d'écriture, mais se font rembourser de la valeur faciale augmentée d'intérêts qu'ils fixent librement et dont le taux varie en fonction de la crédibilité du débiteur, avec du véritable argent, celui d'une richesse nationale produite par le travail des citoyens. Les citoyens sont devenus les mécènes des banquiers.

 

Ce système a été officialisé aux Etats-Unis avec la création le 23 décembre 1913 de la redoutable et envahissante mante religieuse financière qu'est la Réserve Fédérale. Pour imposer un mécanisme aussi frauduleux, les modernes "changeurs du temple" ont manifesté durant le siècle qui a précédé cet exploit une patience, une ruse et une capacité de corruption du personnel politique et médiatique particulièrement remarquables, que j'ai décrites minutieusement dans deux textes:

 

- Aux sources de l'escroquerie de la Réserve Fédérale - Le machiavélisme des hécatonchires de la finance internationale

 

- Du Système de la Réserve fédérale au camp de concentration de Gaza : Le rôle d'une éminence grise: le Colonel House,

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La FED dévore le monde

 

A partir de l'archétype de fonctionnement qu'est celui de la Réserve Fédérale, il est facile comprendre le mécanisme de l'endettement universel des Etats, de l'appauvrissement des citoyens et de l'enrichissement exponentiel des banquiers, les véritables usuriers des temps modernes.

 

Le principe de la monnaie-dette a été étendu à la France par le Président Georges Pompidou qui fit modifier l’article 25 de la loi 73-7 du 3 janvier 1973 en interdisant à la Banque de France de faire crédit à l’État, condamnant la France à se tourner vers des banques privées et à payer des intérêts: « Le Trésor public ne peut être présentateur de ses propres effets à l’escompte de la banque de France». Avant cette loi, quand l’État empruntait de l’argent, il le faisait auprès de la banque de France, qui, lui appartenant, lui prêtait sans intérêt. Ancien employé de la banque Rothschild, le Président Pompidou remerciait ainsi son ancien employeur. Ainsi naquit la dette perpétuelle de la France.

 

Aujourd'hui, 93% de la dette française est attribuable aux intérêts compensés.

 

Les dettes des Etats deviennent des océans impossibles à écluser et les nations sont ficelées au bon vouloir d'institutions privées, de plus en plus arrogantes, de plus en plus gourmandes, de plus en plus opulentes face à des citoyens de plus en plus harassés, pressés, harcelés par des dirigeants eux-mêmes apeurés et tremblants devant leurs nouveaux maîtres, les "changeurs" des temples de la finance internationale.

 

clip_image002[10]11 - Les "changeurs du temple" et la nouvelle crucifixion du prophète galiléen

 

Il est aisé d'imaginer le scandale qu'un nouveau Jésus provoquerait aujourd'hui si, avec un fouet de cordes nouées, il chassait des repaires dans lesquels ils se sont enkystés les nouveaux banksters et autres "barons voleurs" des temples de la nouvelle religion mondiale, celle du "Roi-Dollar". Il renverserait avec colère les tables des faux-monnayeurs qui officient dans le temple de la Réserve Fédérale, mais dont les grands prêtres sont tapis dans les coulisses des banques anglaises de la City de Londres, ou dans ses annexes, les cavernes de la pieuvre Goldman Sachs qui étend ses tentacules jusqu'en Europe. Voilà qui permettrait de comprendre l'immensité du scandale que fut l'acte fondateur du prophète galiléen.

 

On écrirait alors que tant qu'il limitait son enseignement à prôner la Démocratie et la Liberté, à disserter avec éloquence sur les avantages des "institutions démocratiques", à faire rêver ses auditeurs "de paix et de sécurité dans le monde", ce trublion bavard ne dérangeait personne; mais le jour où il s'en était pris au noyau dur de la foi démocratique, tapi dans les souterrains du système - la pompe à finances qu'est l'invention d'une monnaie-dette au service des grandes banques privées et son masque mondialiste - il fut arrêté, jugé et exécuté, ou plutôt enfermé prestement, et à vie, dans le cul de basse-fosse de Guantanamo, tellement le forfait de ce "terroriste" aurait été jugé impardonnable.

 

A l'image de celle qui a frappé le prophète galiléen, une malédiction particulière s'est étrangement acharnée sur tous les présidents américains qui ont tenté, même modestement, de modifier dans le sens des intérêts collectifs de la nation américaine ou de remettre en cause le système monétaire et bancaire inventé par les banquiers de la City et mis en place par leurs filiales à Wall Street, et cela avant même la création de la Réserve Fédérale.

 

Je rappelle que l'un des premiers présidents des Etats-Unis, Andrew Jackson (1767 - 1845) avait traité les banquiers anglais de "vipères" et leurs établissements de repaires de "voleurs": "Vous êtes une bande de vipères, de voleurs et j'ai l'intention de vous expulser et par le Dieu Éternel, je vous expulserai".

 

Le 10 juillet 1832, il écrivait: "... Controlling our currency, receiving our public moneys, and holding thousands of our citizens in dependence... would be more formidable and dangerous than a military power of the enemy."

 

"Contrôler nos cours (de bourse), recevoir notre argent public et tenir des milliers de nos citoyens dans leur dépendance ...serait un plus formidable danger que la puissance militaire d'un ennemi."

 

Durant sa campagne pour un second mandat à la présidence (de 1829 à 1837), son slogan "Jackson and no Bank", annonçait clairement la couleur. A l'époque déjà, il s'agissait - et cela dès la naissance des Etats-Unis d'Amérique - de soustraire le système monétaire américain à la rapacité des banquiers privés de la City de Londres dominée par la famille Rothschid.

 

 

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President Jackson destroying the Bank of the United States (BUS). Lithograph, 1828

 

En 1824, il écrivait également: "Je suis l'un de ceux qui ne croient pas que la dette nationale soit une bénédiction...C'est une manoeuvre destinée à ériger autour de l'administration une aristocratie de l'argent, dangereuse pour les libertés du pays." - [Lettre d'Andrew Jackson à L.H Coleman of Warrington, N.C le 29 avril 1824.]

 

Dès le début de son premier mandat, il a transféré une partie des fonds gouvernementaux de la deuxième Bank of the United States - banque privée, comme son nom ne l'indique pas et contrôlée la City de Londres - dans des banques qui n'étaient pas encore sous la houlette des Rothschild. Il faillit payer de sa vie cet acte "héroïque" au service de la nation américaine, si bien que le 30 janvier 1835, il échappa de justesse à un attentat. Il en rendit les Rothschid responsables. "It is to be regretted that the rich and powerful too often bend the acts of government to their own selfish purposes.”

 

"Il est regrettable que les riches et les puissants orientent les décisions du gouvernement en direction de leurs projets égoïstes."

 

 

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Richard Lawrence tire deux coups de revolver sur le président Andrew Jackson mais le rate.

 

Le président Abraham Lincoln (1809-1865) , qui avait fait imprimer des Greenbacks - une monnaie créée par une banque centrale et exempte d'intérêt - n'aura pas bénéficié de la même protection de la divine providence. Au moment de la guerre de Sécession, les banquiers anglais imposaient un taux de trente (30%) à quarante pour cent (40%). Scandalisé par ce taux usuraire, le Président Lincoln a tenté de redonner une indépendance financière à la nation.

 

Mais il n'a pas pu mener sa réforme à son terme. Il a été tué dans une loge de théâtre à Washington le 14 avril 1865 par un dénommé John Wilkes Booth, qui lui tira une balle dans la tête alors qu'il assistait à une représentation théâtrale dans la loge du Ford's Theater. Le meurtrier, bénéficiant de complices organisés, a momentanément réussi à s'éclipser, avant d'être dénoncé par une prostituée chez laquelle il s'était réfugié et tué quelques jours plus tard .

 

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Assassinat du Président Abraham Lincoln

 

"Le pouvoir des financiers tyrannise la nation en temps de paix - écrivait-il - et conspire contre elle dans les temps d'adversité. Il est plus despotique qu'une monarchie, plus insolent qu'une dictature , plus égoïste qu'une bureaucratie. Il dénonce, comme ennemis publics , tous ceux qui s'interrogent sur ses méthodes ou mettent ses crimes en lumière. J'ai deux grands ennemis : l'armée du sud en face et les banquiers en arrière. Et des deux, ce sont les banquiers qui sont mes pires ennemis."

Il aurait ajouté ces paroles prémonitoires : "Je vois dans un proche avenir se préparer une crise qui me fait trembler pour la sécurité de mon pays. […] Le pouvoir de l'argent essaiera de prolonger son règne jusqu'à ce que toute la richesse soit concentrée entre quelques mains . " (Letter from Lincoln to Col. Wm. F. Elkins, Nov. 21, 1864).

 

 

La malchance avait continué de s'acharner sur les hommes politiques américains et le président Abraham Garfield, avait lui aussi été assassiné le 2 juillet 1881 après avoir fait une déclaration sur les problèmes de la monnaie.

 

"Whoever controls the volume of money in our country is absolute master of all industry and commerce...and when you realize that the entire system is very easily controlled, one way or another, by a few powerful men at the top, you will not have to be told how periods of inflation and depression originate." (President James A. Garfield, 1881)

 

"Celui qui contrôle le volume de l'argent de notre pays est le maître absolu de toute notre industrie et de tout notre commerce... Et quand vous réalisez que la totalité du système est aisément contrôlable, d'une manière ou d'une autre, par quelques individus puissants à sa tête, vous n'avez plus à vous à interroger sur l'origne des périodes d'inflation et de dépression."

 

clip_image002[11]12 - Apothéose des usuriers

 

Après avoir bafoué la Constitution américaine signée à Philadelphie en 1787 qui stipule en son article 1, section 8, § 5, que "c'est au Congrès qu'appartiendra le droit de frapper l'argent et d'en régler la valeur" et permis que ce droit régalien qui fonde la souveraineté d'une nation soit dévolu aux filiales un consortium de financiers privés, incrustés depuis plusieurs siècles en Angleterre, les Etats-Unis sont devenus, après la fin de la première guerre, les modèles économiques du reste de la planète. Cette situation s'est encore aggravée après la fin de la seconde guerre mondiale, qui a transformé l'Europe en un véritable satellite politique, économique et financier de l'Amérique, que sa soumission volontaire contraint de subir les conséquences des turpitudes des financiers américains et des crises que provoque leur voracité.

 

C'est pourquoi il est important d'analyser les mécanismes par lesquels le système usuraire créé le 23 décembre 1913 a volontairement généré des crises qui ont appauvri les nations, tout en enrichissant une poignée de banquiers, et de comprendre comment ce mécanisme, localisé à l'origine dans la sphère anglo-saxonne, est devenu une pompe aspirante de la richesse mondiale.

 

 

"En politique, rien n'arrive par hasard. Chaque fois qu'un événement survient, on peut être certain qu'il avait été prévu pour se dérouler ainsi." Président Franklin Delano Roosevelt,

 

 

La création de la Réserve Fédérale - qui ne "fédère", entre elles que les banques régionales qui la composent et que les banquiers ont essaimées, pour des raisons de commodité et d'efficacité sur l'ensemble du territoire de la "nation indispensable" - signe le retour en majesté des "changeurs" et l'érection en grande pompe d'un troisième temple, à la gloire de la finance internationale et apatride. Le 23 décembre 1913 marque la renaissance, sous sa forme modernisée, de l'activité à la fois frauduleuse et officielle, des vendeurs des demi-shekels dans le temple de Jérusalem qui, après un siècle entier mensonges, de manoeuvres et corruptions divers sont parvenus à accoucher du monstre dévoreur des richesses de la planète et même à faire oublier leurs turpitudes et à devenir des personnages puissants et respectés.

 

clip_image002[12]13 - Mécanismes par lesquels les nouveaux "changeurs du temple" pillent la richesse des nations

 

L'objectif claironné lors de la création de la FED était de stabiliser l'économie et de mettre fin aux crises en série qui avaient émaillé la fin du XIXe siècle.

 

Voir - Aux sources de l'escroquerie de la Réserve Fédérale - Le machiavélisme des hécatonchires de la finance internationale , §5: Les crises monétaires successives : 1869 - 1873 - 1893 - 1901 - 1907.

 

- Du Système de la Réserve fédérale au camp de concentration de Gaza : Le rôle d'une éminence grise: le Colonel House,

 

Il faut savoir qu'à l'époque, quatre types de coupures étaient en circulation:

Les billets, appelés Legal Tender Notes ou United State Notes (UNS) , étaient imprimés depuis le Legal Tender Act de 1862 d'Abraham Lincol, par le département du Trésor des Etats-Unis.

 

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United States Note (UNS) Le sceau rouge de l'Etat est à gauche

 

Ils cohabitaient avec "Certificats" qui "certifiaient" la convertibilité en or ou en argent de la valeur faciale inscrite sur le billet. Gold and Silver Certificate étaient, comme l'indique la flèche rouge ajoutée, "Payable to the Bearer on demand - Payable au Porteur à sa demande" en or ou en argent métal.

 

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Gold Certificate (payable en or au porteur)

 

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Silver Certificate (payable en argent au porteur) - Remarquer que le sceau du Trésor est également rouge

 

A partir de 1914 et surtout de 1916, la FED commença à imprimer son papier monnaie, les Federal Reserve Notes (FNS), qui deviendront le dollar américain que nous connaissons aujourd'hui.

 

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Federal Reserve Note FNS ( Argent nominal - Fiat currency - correspondant à une dette du montant inscrit sur le billet - Le sceau de la FED est vert , à gauche du billet

 

Cette variété de billets en circulation fut pain bénit pour nos modernes "changeurs du temple" modernes installés dorénavant au coeur de l'Etat. Leur objectif était évidemment d'imposer leur propre monnaie - simple reçu de dette - et d'éliminer les vestiges de l'indépendance de l'Etat.

 

Dès le lendemain de sa création, les banquiers de la FED mirent leurs pieds dans les pas des barons voleurs des crises monétaires antérieures. Entre 1916 et 1920, l'institution imprima des montagnes de sa propre monnaie, présentant ses Federal Reserve Note (FNS) comme équivalents aux United State Note (UNS) ce qui lui permit de doubler la masse monétaire en circulation. Les deux monnaies semblant interchangeables, de nombreux détenteurs candides et sensibles à la propagande qui vantait la commodité d'utilisation de la nouvelle monnaie, se dessaisirent également de leurs certificats garantis par l'or ou l'argent pour un papier garanti par rien, permettant aux banquiers de se faire rembourser en or à bon compte auprès du Trésor. La FED en profita pour inonder le marché de liquidités de son propre papier imprimé et d'offres de prêt à des taux si attractifs que de nombreux artisans et moult catégories désireuses de se lancer dans les affaires se ruèrent sur l'occasion.

 

Après l'afflux, le reflux. Sous prétexte de "surchauffe" et conformément au fonctionnement de l'accordéon, une brusque compression fut imposée en 1920, ainsi qu'un brutal appel au remboursement des prêts. Les motifs, comme toujours, semblaient parfaitement rationnels: il fallait bien lutter, n'est-ce pas, contre l'inflation, même si celle-ci était précisément provoquée par la générosité calculée dont avaient fait preuve ces mêmes honorables banquiers.

Une banqueroute de cinq mille quatre cents (5400) banques privées s'ensuivit, qui provoqua également la ruine des emprunteurs, contraints de rembourser sur le champ. De nombreux débiteurs aliénèrent leurs "certificats" - opération particulièrement rentable pour la FED, qui vit l'or et l'argent de l'Etat migrer dans les coffres de la City via ses filiales américaines.

 

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Le bouquet final fut offert par le Congrès qui, en 1920, vota le "Independant Treasury Act of 1920", une décision qui, en fait "d'indépendance" aliénait le "Treasury Department of the United States government", c'est-à-dire la trésorerie américaine gouvernementale au profit du consortium privé composé des banques suivantes:

 

- Rothschild Bank of London

- Rothschild Bank of Berlin

- Warburg Bank of Hamburg

- Warburg Bank of Amsterdam

- Lazard Brothers of Paris

- Israel Moses Seif Banks of Italy

- Chase Manhattan Bank of New York

- Goldman, Sachs of New York

- Lehman Brothers of New York

- Kuhn Loeb Bank of New York

Regrets exprimés par le Président Wilson dans son message d'adieu (1921) .

 

Il constate qu'il a livré la nation à des intérêts privés qui ont tué la liberté et l'indépendance du gouvernement légal des Etats-Unis. Une lucidité tardive d'un Président qui n'avait pas compris qu'il travaillait à l'appropriation du pays par un consortium de banquiers internationaux liés entre eux par des liens familiaux.

 

Voir: Du Système de la Réserve fédérale au camp de concentration de Gaza : Le rôle d'une éminence grise: le Colonel House,

 

"Une grande nation industrielle est contrôlée par son système de crédit. Notre système de crédit est privatisé et concentré. Par conséquent, toutes nos activités sont entre les mains de quelques hommes qui, même si leurs actions sont honnêtes et tournées vers l'intérêt public, sont nécessairement concentrées sur les grandes entreprises dans lesquelles leur propre argent est investi et qui, par la force des choses, gèlent, freinent ou détruisent une réelle liberté économique.

Nous avons limité le crédit, nous avont limité les possibilités, nous avons contrôlé le développement, et nous sommes devenus l'Etat le plus mal dirigé, l'un des plus complètement contrôlé et dominé du monde civilisé - il n'y a plus de gouvernement libre, plus de gouvernement ayant son propre programme et issu d'un vote de la majorité, mais un gouvernement représentant l'opinion et les directives de petits groupes dominants. "

"S'il existe dans ce grand pays des hommes assez puissants pour devenir les maîtres du gouvernement des États-Unis, ils deviendront les propriétaires de la nation.

 

clip_image002[13]14 - Modus operandi des "changeurs du temple": d'une crise à la suivante

 

Mais ce n'était-là qu'un hors-d'oeuvre et une mise en bouche avant le grand exploit de 1929. En dix ans, deux crises, celle de 1920 et surtout celle de 1929, ont dévasté les marchés boursiers intérieurs et provoqué une catastrophe mondiale. Le mécanisme est chaque fois d'une simplicité enfantine.

 

En 1921, afin de lutter contre la récession qui menaçait à la suite de la crise qu'elle avait provoquée en 1920, la FED ouvrit donc de nouveau les vannes des facilités monétaires, si bien qu'entre 1921 et 1929, non seulement la masse monétaire fut augmentée de 62%, mais un emprunt de bourse spécifique, appelé "margin loan" ("prêt marginal") était destiné à doper la bourse, donc, pensait-on, l'économie. Ce prêt offrait des conditions si phénoménalement attrayantes qu'il provoqua une ruée des demandeurs: il suffisait de payer 10% du prix d'une action pour en être le propriétaire nominal, le créancier, en général la banque, avançant les 90% restants. Les boursicoteurs se multiplièrent comme champignons après la pluie.

 

Les indices montèrent jusqu'au ciel, ou presque. De 1925 à 1929, la hausse des cours de Bourse fut de 215 %. Cette période est aujourd'hui appelée "The Roaring Twenties", c'est-à-dire une décennie particulièrement prospère.

 

Il est impossible de traiter en quelques mots le krach boursier de 1929 et l'enchaînement des catastrophes qu'il engendra. Mais il est certain que ce déraillement économico-financier est la conséquence directe d'une politique chaotique de la Réserve Fédérale, qui s'était traduite par une politique monétaire accommodante et laxiste, ainsi que par la création d'un système d'emprunts si facilement accordés que l'indice boursier, le Dow Jones des valeurs industrielles a été multiplié par cinq durant la deuxième moitié des années vingt.

 

Si l'on y ajoute un appel à des remboursements de prêts immédiatement exigibles par un établissement bancaire de New-York, qui contraignit d'innombrables détenteurs à vendre leurs actions en catastrophe, auxquels il faut ajouter les initiés qui s'étaient empressés de vendre au plus haut, la chute brutale de l'indice, la panique et le krach étaient inévitablement au bout de l'opération.

 

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1929 - Krach - New-York

 

Des biographies de John-Pierpont Morgan, de Joseph Kennedy - le père du Président - de John Davison Rockefeller et de Bernard Baruch indiquent que ces honorables industriels et banquiers ont réussi à vendre tous leurs titres et à convertir leur fortune en or juste avant le krach de 1929. Une légende rapporte que Joseph P. Kennedy avait décidé de vendre son considérable portefeuille d'actions pour avoir obtenu un tuyau de la part ...d'un cireur de chaussures. Grâce à cette information pour le moins miraculeuse, la fortune des Kennedy est passée de 4 millions de dollars en 1929 à 100 millions de dollars en 1935.

 

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Joseph Patrick Kennedy Sr (1888-1969) et son fils John Fitzgerald (cliché de 1960)

 

Il est d'autant plus judicieux de rappeler le commentaire du Président Roosevelt - "En politique, rien n'arrive par hasard. Chaque fois qu'un événement survient, on peut être certain qu'il avait été prévu pour se dérouler ainsi" - que la Réserve fédérale, par un des ces mouvements d'accordéon dont elle est coutumière, a brusquement contracté l'offre monétaire, créant une dépression catastrophique qui a contaminé l'Europe et provoqué la faillite de 11.630 banques sur un total de 26.401 aux Etats-Unis. Du coup, les banquiers centraux ont pu acheter à des prix dérisoires des banques rivales et des pans entiers de l'économie.

 

Le 23 mai 1933, dans un discours retentissant de vingt-cinq minutes devant la Chambre des Représentants, un membre du Congrès, Louis T. McFadden, a porté des accusations formelles contre le Conseil des gouverneurs de la Réserve fédérale, contre le Contrôleur de la monnaie et contre le Secrétaire duTrésor, les accusant d'actes criminels, de complot contre la nation, de fraude et de trahison. Il accusait ces responsables politiques et les banquiers de la Réserve fédérale d'avoir délibérément provoqué la "Grande Dépression".

 

 

"Monsieur le Président, nous avons dans ce pays une des institutions les plus corrompues qui ait jamais existé dans le monde. Je fais référence au Conseil de la Réserve Fédérale et aux banques de la Réserve Fédérale. (...) Cette institution diabolique a appauvri et ruiné le peuple des États-Unis; s'est elle-même mise en banqueroute, et a pratiquement mis en banqueroute notre Gouvernement. Elle a fait ceci grâce aux défauts de la loi sous laquelle elle opère, grâce à la mauvaise administration de cette loi par le Conseil de la Réserve Fédérale et grâce aux les pratiques de corruption des vautours qui la contrôlent.

Ce qu'il nous faut ici est un retour à la Constitution des États-Unis. Il nous faut un divorce complet de la Banque et de l'État. La vieille lutte qui fut menée ici à l'époque de Jackson doit être à nouveau menée. (...) L'Acte de la Réserve Fédérale doit être abrogé et les Banques de la Réserve Fédérale, ayant violé leurs chartes, doivent être immédiatement liquidées. De déloyaux fonctionnaires du Gouvernement qui ont violé leurs serments doivent être mis en accusation et conduits au tribunal. Si nous ne le faisons pas, je prédis que le peuple américain, outragé, volé, pillé, insulté et trahi comme il l'est dans son propre pays, se mettra en colère et enverra ici un Président qui expulsera les manipulateurs de la monnaie hors du temple."

Discours de Louis T. McFadden Le 23 mai 1933, devant la Chambre des Représentants

 

Une fois de plus, la mystérieuse calamité qui s'abat sur les contestataires des usuriers a frappé. Le député Louis McFadden a échappé à plusieurs tentatives de meurtre: à deux reprises, un tireur le rata et il survécut une première fois à une tentative d'empoisonnement au cours d'un banquet. La deuxième tentative semble avoir été la bonne, mais sa mort est officiellement attribuée à une crise cardiaque. Il est mort trois ans seulement après son célèbre discours.

 

clip_image002[14]15 - Ils l'ont tué...

 

La dernière tentative moderne de renverser les tables des changeurs-usuriers de la religion du Dieu-dollar fut celle du président John Fitzgerald Kennedy assassiné à Dallas le 22 novembre 1963. Il était allé si loin dans sa volonté de lutte contre les banksters et la réalisation de son projet était déjà si avancée que son père, inquiet l'avait mis en garde: "Si tu le fais, ils te tueront".

 

RAPPEL

clip_image002[15]4 - John Fitzgerald Kennedy et la nouvelle tentative de réforme monétaire

 

In - Aux sources de l'escroquerie de la Réserve Fédérale - Le machiavélisme des hécatonchires de la finance internationale #4

Il est impossible de ne pas évoquer, à la suite de celle du Président Lincoln, la tentative du Président John Fitzgerald Kennedy de dépouiller la FED de sa puissance , tellement elle lui est parallèle. Elle eut lieu un siècle exactement après celle de Lincoln. Les coïncidences biographiques, politiques et même numérologiques qui rapprochent les destins de ces deux hommes politiques sont, il faut le reconnaître, tout à fait extraordinaires et ont fait saliver de nombreux Sherlock Holmes amateurs. Leurs morts violentes semblent les avoir liés pour l'éternité dans un parcours historique en miroir.

 

En effet, le 4 juin 1963 , le Président Kennedy signait l'Executive Order n° 11110 (4) par lequel le gouvernement retrouvait un pouvoir inscrit dans la Constitution, celui de créer sa monnaie sans passer par la Réserve Federale. Cette nouvelle monnaie, gagée sur les réserves d'or et d'argent du Trésor, rappelait les greenbacks et le coup de force du Président Lincoln .

 

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A 1963 "KENNEDY United State Note"

 

Le Président Kennedy fit imprimer 4,3 milliards de billets de 1, 2, 5, 10, 20 et 100 dollars. En 1994 il restait l'équivalent de 284,125,895 dollars en circulation aux Etats-Unis , détenus, probablement par des collectionneurs (source: The 1995 World Almanac).

 

Les conséquences de l'Executive Order n° 11110 étaient énormes. En effet, d'un trait de plume John Fitzgerald Kennedy était en passe de mettre hors jeu tout le pouvoir que les banques privées de la FED s'étaient arrogé depuis 1816 et qu'elles détenaient officiellement depuis 1913. Car si, dans un premier temps, les deux monnaies auraient circulé parallèlement, la monnaie d'Etat, gagée sur les réserves d'argent, aurait fini par terrasser la monnaie créée ex-nihilo par les banquiers. Cette nouvelle monnaie aurait considérablement diminué l'endettement de l'Etat, puisqu'elle éliminait automatiquement le paiement des intérêts .

 

Les 26 volumes du rapport Warren n'ont pas réussi à apporter une explication crédible à l'assassinat du Président Kennedy à Dallas le 26 novembre 1963, cinq mois après sa réforme monétaire. Il n'est nul besoin d'être un "complotiste" primaire ou secondaire pour n'accorder qu'un crédit poli à la thèse officielle, non pas seulement à cause de l'analyse des conditions de l'exécution, mais parce que le fait que tous les témoins oculaires de l'événement soient morts dans les deux ans; que la disparition ou l'élimination de 400 personnes en relations même lointaines avec cet événement - y compris le personnel médical de l'hôpital Parkow où Kennedy a été admis, du portier au personnel médical, ainsi que des proches du tireur accusé, Lee Harvey Oswald - que tous ces événements soient le fruit du hasard relève d'un pourcentage de probabilités si infinitésimal qu'il est proche du zéro absolu. Le calcul des probabilités devient un juge plus efficace que n'importe quelle vérité officielle.

 

De puissants comploteurs ont donc sévi, y compris longtemps encore après le crime initial. Parmi les innombrables pistes avancées par les uns et par les autres, la piste monétaire était évidemment tentante . Elle fut relativement peu explorée au début de l'enquête. Cependant beaucoup la tiennent pour d'autant plus avérée qu'ils rapportent une phrase du père du Président, Joseph Kennedy, lorsqu'il apprit la décision de réforme monétaire de son fils : " Si tu le fais, ils te tueront".

 

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Le Président John Fitzgerald Kennedy (1917-1963)

 

Le message semble, une nouvelle fois, avoir été reçu cinq sur cinq par le Vice-Président Lyndon B. Johnson, devenu Président par la grâce de cet assassinat. Comme son homonyme Andrew Johnson un siècle auparavant, et avec une célérité particulièrement remarquable, il suspendit la décision monétaire prise le 4 juin 1963 par le Président assassiné alors que le cadavre de ce dernier n'était pas encore froid .

 

"L'ordre exécutif 11110 a été abrogé par le Président Lyndon Baines Johnson , trente-sixième président des Etats-Unis - de 1963 à 1969 - alors qu'il se trouvait dans l'avion présidentiel AirForce One, entre Dallas et Washington , le jour même de l'assassinat du Président Kennedy " écrivait un chroniqueur. Cette affirmation n'est pas exacte : le décret présidentiel n'a jamais été officiellement abrogé, mais son application fut suspendue . Fut abrogée l'autorisation d'imprimer de nouveaux billets et de frapper de nouvelles pièces, si bien que l'Executive Order n° 11110 demeure officiellement en vigueur ... dans la stratosphère.

 

Cet assassinat était peut-être un avertissement aux futurs Présidents qui auraient voulu emboîter le pas à Abraham Lincoln et à John Fitzgerald Kennedy et priver les banquiers de leur rente en éliminant le système de la monnaie-dette. John Fitzgerald Kennedy aurait payé de sa vie cette provocation à la puissance de la finance internationale. Mais nous sommes là dans le domaine des innombrables coïncidences troublantes qui ont jalonné la vie de ce Président même si la célérité de la décision du Président Johnson donne du crédit à cette supposition. Eustace Mullins rappelle que le Président Abraham Garfield avait lui aussi été assassiné le 2 juillet 1881 après avoir fait une déclaration sur les problèmes de la monnaie. (5) Que de coïncidences !

 

Depuis le Président Kennedy, aucun successeur ne s'est avisé d'apporter la moindre réforme au fonctionnement de la FED.

 

La piste israélienne est considérée par certains comme la plus crédible. En effet, des Israéliens s'étant félicité de ce que l'élimination de J.F. Kennedy ait laissé le champ libre à l'accession d'Israël au statut de puissance nucléaire, cette conséquence s'est métamorphosée en cause pour certains .

 

En effet, le journal israélien Ha'aretz 5 février 1999 écrivait, dans sa critique de l'ouvrage d'Avner Cohen, "Israel et la bombe: "L'assassinat du Président américain John F. Kennedy mit un terme brutal à la forte pression de l'administration des Etats-Unis sur le gouvernement d'Israël afin de l'amener à interrompre son programme nucléaire... " L'auteur ajoute que " si Kennedy était resté vivant, il est douteux qu'Israël aurait aujourd'hui une défense nucléaire." Le Président Kennedy avait, en effet, fermement annoncé au Premier Ministre israélien David Ben Gourion qu'en aucun cas il n'accepterait qu'Israël devînt une puissance nucléaire.

 

Peut-être faudra-t-il encore vingt-six autres volumes d'enquête pour éclaircir cette énigme historique.

 

clip_image002[16]4 - Executive Order 11,110 AMENDMENT OF EXECUTIVE ORDER NO. 10289 AS AMENDED, RELATING TO THE PERFORMANCE OF CERTAIN FUNCTIONS AFFECTING THE DEPARTMENT OF THE TREASURY

By virtue of the authority vested in me by section 301 of title 3 of the United States Code, it is ordered as follows: Section 1. Executive Order No. 10289 of September 19, 1951, as amended, is hereby further amended- a. By adding at the end of paragraph 1 thereof the following subparagraph (j): (j) The authority vested in the President by paragraph (b) of section 43 of the Act of May 12,1933, as amended (31 U.S.C.821(b)), to issue silver certificates against any silver bullion, silver, or standard silver dollars in the Treasury not then held for redemption of any outstanding silver certificates, to prescribe the denomination of such silver certificates, and to coin standard silver dollars and subsidiary silver currency for their redemption and -- b. Byrevoking subparagraphs (b) and (c) of paragraph 2 thereof. Sec. 2. The amendments made by this Order shall not affect any act done, or any right accruing or accrued or any suit or proceeding had or commenced in any civil or criminal cause prior to the date of this Order but all such liabilities shall continue and may be enforced as if said amendments had not been made.

John F. Kennedy The White House, June 4, 1963.

 

clip_image002[17]5 - It is interesting to note how many assassinations of Presidents of the United States follow their concern with the issuing of public currency; Lincoln with his Greenback, non-interest-bearing notes, and Garfield, making a pronouncement on currency problems just before he was assassinated. (Cité par Mullins)

 

 

clip_image002[18]16 - Ultime tentative de balayer la poussière sous le tapis

 

En 1991, le célèbre réalisateur américain, Oliver Stone, nouveau Sherlock Holmes, s'est lancé dans l'arène et s'est donné pour but d'élucider les causes de l'assassinat de John F. Kennedy à Dallas. Hollywood n'est-il pas coutumier de multiples tentatives de réécrire l'histoire des Etats-Unis et du monde et d'imposer des images frappantes d'une nouvelle vérité officielle à la gloire de l'empire? Dans un univers de la communication, l'impact de l'image sur les cervelles écrase les démonstrations ou les contestations écrites. Ecartant le rapport Warren, il se lance sur la piste d'une conspiration en relations avec ...la guerre du Vietnam - "The business of war" - autrement dit, l'industrie de l'armement. Il fait siennes les conclusions du procureur de La Nouvelle-Orléans Jim Garrison et du journaliste américain Jim Marrs.

 

M. Oliver Stone a peut-être été convaincu par les arguments de Jim Garrison et de Jim Marrs, mais je ne doute pas que le fait que son film ait été financé par le fonds Rothschild ait augmenté considérablement le pouvoir de conviction des thèses d'un complot qui aurait été fomenté à partir du lobby de l'armement. La thèse financière a été soigneusement évitée.

 

M. Oliver Stone avait peut-être besoin de faire quelques "concessions" afin de paver la route de son film de garanties de succès. Comme le disait un illustre ancêtre et fondateur de la Maison qui porte son nom, Mayer Amschel Rothschild : "Give me control of a nation's money supply, and I care not who makes it’s laws" (Donnez-moi le contrôle de la monnaie d'une nation et je ne me soucie pas de ceux qui font ses lois". Et si on remplaçait "lois" par "films": "Give me control of a nation's money supply, and I care not who makes it’s films"?

 

L'argent du fonds Rothschild s'est révélé d'une efficacité remarquable dans sa capacité à inciter un réalisateur célèbre à concevoir une opération hollywoodienne de fixation des soupçons dans une certaine direction. Rien de tel, n'est-il pas vrai, que de quitter une autoroute et de s'engager sur une petite route de traverse et ainsi, de focaliser de l'attention sur un "chemin qui ne mène nulle part", pour reprendre le titre d'un ouvrage de Heidegger. Les images et le talent du réalisateur impriment alors une certaine vérité dans les esprits. Tout le monde connaît le pouvoir de séduction et de persuasion de l'image, si bien que les spectateurs et les admirateurs d'Oliver Stone oublient qu'il s'agit d'un film, c'est-à-dire d'une oeuvre de fiction.

 

Les autres pistes de recherche des commanditaires de l'assassinat du Président Kennedy, au moins aussi sérieuses, sinon davantage, n'ont même pas été évoquées, pour le plus grand intérêt du généreux mécène. C'est ainsi qu'Hollywood écrit et impose sa vérité, laquelle devient progressivement LA vérité. Celui qui paie, commande.

 

Il est étonnant que le fait le plus troublant de tous, plus troublant même que celui de l'impossibilité, aujourd'hui encore, de connaître avec certitude l'identité du tueur est, comme je l'ai noté ci-dessus - celui de constater que quatre cents (je dis bien 400) personnes en relations même lointaines avec cet événement - y compris le personnel médical de l'hôpital Parkow où Kennedy a été admis, du portier au personnel médical, ainsi que des proches du tireur accusé, Lee Harvey Oswald, sont mortes en deux ans et que les autorités officielles ne se sont pas penchées sur cet évènement proprement stupéfiant.

 

Il est également extraordinaire qu'aucun des innombrables Sherlock Homes, amateurs ou professionnels, qui ont analysé le crime, la loupe à la main et le nez sur le macadam, ne se soit penché sur ces "coïncidences-là" et n'a osé prendre l'enquête à revers. Or, il est impossible, statistiquement, d'attribuer au hasard ou à des circonstances naturelles l'élimination systématique de la totalité des témoins, même les plus mineurs, liés à cette affaire .

 

Cette preuve statistique signe irréfutablement l'existence d'un complot de très grande ampleur. Quels sont le commanditaire ou le groupe disposant du personnel, des moyens financiers et du pouvoir suffisants afin de réaliser un tel "exploit" dans un laps de temps aussi court et cela de manière à ce que tout paraisse globalement naturel? L'élucidation de l'assassinat du Président Kennedy est au bout de cette enquête-là.

 

Allons, M. Oliver Stone, encore un effort!

 

NOTE

(1) Jonathan Cook : http://www.legrandsoir.info/les-sapins-de-noel-terrorisent-les-israeliens-counterpunch.html

 

Bibliographie

 

- Frederick Raphael Burch, The True Function of Money & the False Foundation of Our Banking System Bank, 1923

 

- Eustace Mullins - Secrets of the Federal Reserve , The London Connection , 1952 -

 

- Benjamin Harrison Freedman, Facts are facts, 1954

 

- Douglas Reed , La Controverse de Sion

 

- Jacques Attali: Les Juifs, le monde et l'argent, Histoire économique du peuple juif. Fayard, 2002 (Livre de poche pour les références)

 

- Bernard Lazare, Histoire de l'antisémitisme

 

- Etienne Boileau Les métiers et corporations de la ville de Paris. Rédigé en 1268

 

- Evangiles

 

- Mishna (Traduction en anglais, Ed. Soncino)

 

- Maurice Allais, Les conditions monétaires d'une économie de marchés , Revue d'économie politique, mai-juin 1993.

 

- Maurice Allais, Economie et Intérêt, 1998, Éd. Clément Juglar

 

- Maurice Allais, A la recherche d'une discipline économique (1943)

 

- Maurice Allais, Le Comportement de l’homme rationnel devant le risque : critique des postulats et axiomes de l’école américaine , Econometrica, vol. 21, 1953, p. 503-546

 

- Maurice Allais, Lettre aux Français, contre les tabous indiscutés, Marianne n° 659, 5 déc. 2009

http://ensmp.net/pdf/2009/Maurice%20Allais%20Lettre%20aux%20Francais.pdf

 

- Michael Parenti, Democracy for the Few, St. Martin’s Press. New York. 1977.

 

- George Sylvester Viereck, The Strangest Friendship In History, Woodrow Wilson and Col. House, Liveright, New York, 1932 .

 

- Godfrey Hodgson, Woodrow Wilson's Right Hand: The Life of Colonel Edward M. House (Hardcover, 2006) -

 

- S. Freud, W.C. Bullit, President T.W.Wilson, portrait psychologique, Payot 2005 (livre de poche).

 

http://aline.dedieguez.pagesperso-orange.fr

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