Cheikh Imran Hosein à Algeriepatriotique : «Les sionistes ne laisseront pas l’Algérie demeurer stable» (III)

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Cheikh Imran Hosein. D. R.

 

Algeriepatriotique : Après le «printemps arabe», l’Algérie est désormais entourée par trois pays instables (la Tunisie, la Libye et – maintenant – le Mali). Est-ce une pure coïncidence ou pensez-vous, au contraire, que l’Algérie est une prochaine cible pour les sionistes ?

 

Il y a une autre raison derrière l’agression contre la Libye : le pétrole. Les sionistes ont voulu avoir le contrôle sur le pétrole libyen et, maintenant, ils ont obtenu ce contrôle de la même façon pratiquement qu’ils l’ont eu sur le pétrole saoudien. Ils ont voulu cela parce qu’un «océan de pétrole» était destiné à fonctionner pour les sionistes comme une «montagne d’or» pour soutenir le système monétaire basé sur le pétrodollar.

 

Cette réalisation de la prophétie du prophète Mohamed (QSSL) relative à «la montagne d’or venant du fleuve de l’Euphrate» a eu lieu en 1973, lorsque Henry Kissinger avait convaincu le roi Fayçal de vendre le pétrole saoudien et arabe en dollar uniquement. Je projette d’écrire un livre incessamment sur ce sujet : Islam, pétrodollar et au-delà. L’Algérie, parmi tous les pays africains, a, j’en suis convaincu, de larges réserves de gaz. Et l’Algérie est actuellement un exportateur majeur de gaz naturel vers l’Europe, plus particulièrement la France.

 

Conséquemment à vos réserves de gaz, mais aussi au fait qu’il existe une certaine stabilité en Algérie, il est très facile d’anticiper que les sionistes ne laisseront pas l’Algérie demeurer stable. Non. Ils vont échafauder une stratégie pour un changement de régime de sorte qu’ils puissent contrôler les réserves de gaz. Il faut que nous avertissions que si les réserves de gaz sont aujourd’hui sous le contrôle des Algériens, cela pourrait changer demain, comme en Libye.

 

Il y a un second problème, à savoir que l’Algérie est un pays très vaste ; c’est un pays immense et ceci requiert d’eux qu’ils conçoivent une stratégie pour morceler les grands pays musulmans en petits Etats. Ne soyez pas surpris quand l’Egypte se divisera en trois ou quatre petits pays ! Ne soyez pas surpris non plus quand le Pakistan subira le même sort ! Les petits Etats peuvent être contrôlés facilement par les puissances hégémoniques.

 

Au Pakistan, bien sûr, la puissance hégémonique, c’est l’Inde. En Egypte, ce sera Israël ; le Qatar et l’Arabie Saoudite sont, bien évidemment, les alliés d’Israël. Je n’ai pas assez de connaissances sur l’Algérie, le Maroc et la Tunisie pour pouvoir cerner leur stratégie. Mais ce qui se passe au Mali actuellement apparaît comme étant suffisamment important pour s’y intéresser de très près. Je n’ai pas assez d’outils ici en Malaisie pour être capable d’analyser les évènements qui se déroulent au Mali. Mais je suis certain que lorsque vos penseurs réaliseront qu’il existe un plan pour démembrer l’Algérie et prendre le contrôle de ses réserves de gaz, ils pourront alors étudier ce qui se passe au Mali sous un angle différent.

 

Dans les années 1990, l’Algérie était la cible des mouvements salafistes et le terrorisme islamiste, soutenus et financés par les monarchies du Golfe. Selon vous, était-ce une sorte de «laboratoire» dans la perspective d’une action de déstabilisation future de l’ensemble des pays arabes ?

 

Ce qui s’est passé en Algérie dans les années 1990 s’est répété en Egypte l’année dernière. Quand un peuple a suffisamment souffert – dans le cas de l’Algérie, il y a eu un colonialisme français brutal auquel les Algériens fiers ont résisté. Alors, comme ils ont vécu autant de souffrance, ils avaient nourri un espoir au fond de leur cœur de retourner à leurs sources. Ahmed Ben Bella a émergé dans les années 1960 en tant que leader très populaire. J’étais jeune à cette époque-là. Ahmed Ben Bella a «pris d’assaut» toute l’Afrique du Nord, tellement il était connu. Puis vint Houari Boumediene. Mais ce leadership était similaire à celui de Djamel Abdennasser en Egypte ; il n’avait pas atteint le cœur du peuple, pénétré les cœurs des citoyens. Pour que cela puisse se réaliser, il faut toucher le monde du Sacré. Mais cela ne peut pas se faire avec une idéologie séculière.

 

L’Afrique du Nord est essentiellement spirituelle. Une version salafiste de l’islam ne peut pas gagner les cœurs parce que les Nord-Africains sont très spirituels. C’est une partie de l’Afrique. Je pense que l’Algérie et le Maroc n’ont pas acquis leur spiritualité du monde arabe mais de l’Afrique. Et l’Africain a ses racines dans la spiritualité. L’Indien et le Perse, en Iran, ont le pouvoir intellectuel. De bons penseurs sont originaires d’Inde et d’Iran.

 

Mais l’Afrique a de belles racines de spiritualité lesquelles ont été retenues en Afrique du Nord en tant qu’islam. Donc, Ahmed Ben Bella et Houari Boumediene n’ont pas réussi à pénétrer au fond du cœur du peuple, à le satisfaire, parce qu’ils avaient besoin de toucher le monde du Sacré pour ce faire.

 

Les salafistes ont, eux aussi, échoué, tant vous avez besoin d’une articulation de l’islam qui soit intensément spirituelle, qui soit dynamique, qui soit courageuse dans son opposition à l’injustice et à l’oppression dans le monde.

 

Parce que vous avez cette qualité de leadership en Algérie, vous êtes capables d’avoir un rôle déterminant dans les affaires arabes.

 

Beaucoup de personnes m’ont demandé – on me pose constamment cette question : «Quelle est la place de l’Algérie, du Maroc, de la Tunisie dans âkhirou a’zamân (l’eschatologie) ?» Vous seriez surpris de voir le nombre de courriels qui me parviennent.

 

J’espère que votre journal leur fournira cette réponse. L’Algérie, le Maroc, la Tunisie et la Libye – avant l’insurrection – ont un rôle à jouer et qui les attend.

 

Vous devez vous efforcer d’articuler un islam qui soit intensément spirituel et qui puisse atteindre les sentiments les plus profonds des gens ; ce devra être un islam qui sortira tout ce qui est noble de leur être et qui sera, dès lors, intensément attrayant.

 

L’articulation de l’islam par les Frères musulmans n’est pas du tout attirante. Vous ne pouvez pas appliquer la charia dans l’Egypte d’aujourd’hui par le bâton.

 

Ce qu’il faudrait plutôt, c’est appliquer la charia de sorte à montrer sa supériorité sur toutes les (religions) rivales pour que les gens soient naturellement attirés vers elle (la charia).

 

C’est cela le rôle qui est dévolu à l’Algérie, parce que les Algériens ont ce courage. Tout ce dont vous avez besoin, ce sont des érudits qui seront capables de mettre en avant cette vision de l’islam qui ne peut pas tolérer l’injustice et l’oppression, et qui voit avec les deux yeux.

 

Ad-Dajjâl ne voit que d’un seul œil. Il est borgne ; ce qui signifie qu’il est intérieurement aveugle. C’est le cas des Frères musulmans aujourd’hui.

 

Je suis désolé, mais c’est la vérité ! Si vous pouvez développer cette science en Algérie, laquelle associe les savoirs externe et interne, alors, vous produirez un peuple qui marchera sur les pas de Khidr (QSSL).

 

C’est cela le rôle qui vous attend en Algérie.

 

Interview réalisée par Mohamed El-Ghazi et M. Aït Amara

(Suivra)

 

Première partie de l'interview

 

Deuxième partie de l'interview

 

http://www.algeriepatriotique.com

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