Facebook ou l'espionnage de masse : trop de profils fantômes conduiront-ils à sanctionner le site ?

LE PLUS. Le débat sur la confidentialité des données sur Facebook reprend de plus belle : un étudiant autrichien, Max Schrems, affirme que Facebook conserverait des données sur des personnes non-inscrites  au réseau social. Mais pour Thomas Gouritin, il pourrait être difficile de sanctionner ce géant du web.

Thomas Gouritin
> Par Thomas Gouritin Rédacteur chez Cometik
Edité par Julie Rasplus  
Après sa présentation à la conférence F8, dont certains d’entre vous avaient peut être lu mon analyse ici même, Facebook fait à nouveau parler de lui en termes de vie privée avec ses profils fantômes . Il s’agit d’une information qui a filtré dès la semaine dernière et sur laquelle j’ai déjà écrit un papier totalement informatif sur le blog de ma société .
 
 
Une personne ouvre Facebook sur son ordinateur (Paul Walsh / CC / Flickr.com)
 
Pour faire simple, ce que révèle Max Schrems de Europe vs Facebook  est que Facebook utiliserait (mais pour l’instant rien n’est confirmé, prenons des pincettes !) son application mobile pour constituer des profils sur des personnes non membres du réseau. 
 
Comment ? Très facilement : en allant fricoter avec votre répertoire de contacts. Associations de noms, de numéros de téléphones, d’adresses e-mails en provenance de plusieurs terminaux, et hop un joli profil sur votre pomme sans que vous n’ayez rien demandé à personne.
 
Les objections que je rencontre le plus souvent dans des discussions sur la dangerosité de Facebook et de son non-respect de la vie privée des utilisateurs sont très souvent du même ordre : si vous ne voulez pas que vos données soient mal utilisées, il suffit de ne pas s’inscrire. Et bien oui. Mais si tout cela se confirme, il semblerait bien qu'en réalité cette simple non-inscription ne suffise pas.
 
Un vrai rappel à l'ordre improbable ? 
 
Si ce qu’avance Schrems est fondé, on imagine très bien que la CNIL se saisira très vite du dossier afin de remettre l’Oncle Sam dans le droit chemin. Mais par le poids que représentent maintenant Facebook et ses activités externalisées dans l’économie nationale (même si cela reste pour l’instant encore assez marginal, mais présente un potentiel de croissance non négligeable) et surtout mondiale, la sanction éventuelle ne risque-t-elle pas d’être biaisée ?
 
Avec sa position dominante et l’intégration de son fonctionnement en application, Facebook représente pour beaucoup d’entreprises une plateforme et un lieu de présence virtuel indispensable pour l’évolution de leurs businesses (il n'y a qu'à voir l’évolution de Deezer depuis le lancement de son application). Même en France, on peut noter une forte dépendance à Facebook dans le domaine du web.
 
On ne compte plus les "consultants", agences de "e-reputation" ou autres termes fumeux inventés de toute pièce pour décrire une simple réalité : les réseaux sociaux, aussi bien pour les particuliers que pour les professionnels, se doivent d’être maîtrisés. Sur ce principe s’est bâtie toute une batterie d’agences auto-proclamées innovantes, numéro un de la présence virtuelle, tête pensante des révolutions numériques… Mais un monde où magnifier virtuellement sa vie et lancer les concepts les plus ridicules possibles permettent de faire du "buzz" et gagner de "l’influence" pour devenir en trois jours un "expert" qui sait tout de tout le monde grâce à sa super application dernier cri, n’est-ce pas un peu triste ?
 
Pour finir, je ne résiste pas à mentionner une étude de l’Association de l’Economie Numérique (ACSEL)  qui tente de dresser un état des lieux complet des habitudes des 38 millions d’internautes français à travers une étude "représentative" de 700 répondants. Il ressort de cette étude que 85% des internautes français sont inscrits sur les réseaux sociaux, mais que 48% des Français n’ont pas confiance en ces réseaux. Cherchez l’erreur…
 
Choisissez en âme et conscience
 
Le monde actuel tourne autour de Facebook et Twitter, il en est ainsi et nous devrons nous y faire. Malgré tout, cela ne doit pas impliquer de fermer les yeux sur certaines pratiques de ces grands acteurs. Certes, ils permettent le développement d’une nouvelle économie et l’émergence de nouveaux métiers... mais aussi de nouveaux dérapages inhérents à notre société d’apparenceet de consommation de masse. Il semblerait, avec cette histoire de profils fantômes, que ne pas vouloir souscrire à cette idée de socialisation virtuelle ne suffise plus…
 
Alors que faire ? Créer un profil Facebook que l’on peut contrôler en ayant conscience de ce que l’on y met ? Se mobiliser pour que les géants qui utilisent nos données soient soumis à plus de contrôles ? Libre à vous d'en décider…
 
 
Remarque : je souhaiterais être clair en ce qui concerne ma démarche ici. En effet, suite à un seul article très cliqué sur le sujet, j’ai eu pas mal de retours me demandant mon avis "d’expert" sur la question des médias sociaux et de Facebook en particulier. Mais je ne suis absolument pas un "expert" de la question (c’est dingue comment la vie virtuelle si artificielle peut vous propulser d’un jour à l’autre, lorsque l’on a pas conscience de sa modeste condition de simple rédacteur critique, "expert" de ceci ou "expert" de cela). Je ne suis qu’un simple rédacteur web dont l’avis a l’air d’intéresser quelques internautes avides d’esprit critique dans ce monde d’information de masse uniformisée. J’en suis ravi bien sûr mais je ne me lancerais pas dans un personnal branling ravageur pour montrer à la face du monde à quel point je suis "influent" ou que mon "klout score" est plus gros que celui du voisin (voir la branchitude 2.0 et ses effets pervers). Comme je suis maintenant un "expert", Le Plus m’a gentiment demandé de donner mon avis ici-même concernant les profils cachés de Facebook. Et vous m’en voyez ravi !
 
source : le nouvel obs
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