L’ÉTAT POLICIER S’AFFICHE SANS HONTE À MONTRÉAL OCCUPÉE

La ville de Montréal somnolait encore alors que les arrestations avaient débuté tôt en matinée. Des cortèges de voitures noires aux vitres teintées s’étaient immobilisées devant la résidence de quelques enfants présumés manifestants; des phalanges de policiers armés, garde-chiourmes de l’État policier, s’étaient précipitées à l’assaut pour perquisitionner, fouiller, arraisonner et intimider.

Robert Bibeau

 

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RÉPRESSION ET ARRESTATIONS MATINALES

 

La ville de Montréal somnolait encore alors que les arrestations avaient débuté tôt en matinée. Des cortèges de voitures noires aux vitres teintées s’étaient immobilisées devant la résidence de quelques enfants présumés manifestants; des phalanges de policiers armés, garde-chiourmes de l’État policier, s’étaient précipitées à l’assaut pour perquisitionner, fouiller, arraisonner et intimider.

 

CALLGIRLS, SMOKINGS, VOITURES RUTILLANTES ET MATRAQUES

 

À dix-huit heures pile, les chefs d’antenne des bulletins télévisés souriaient benoitement – jaune niais – devant le récit des exploits des fossoyeurs de la pseudo « démocratie » hypocrite. Quatre rangées de fiers à bras casqués, blindés, armés et enragés entouraient leurs maîtres de couronnes de protection. Pourquoi ces chiens de garde de l’État bourgeois feindraient-ils d’être désolés devant l’arbitraire injustifié des policiers venus protéger la liberté des riches de festoyer somptueusement à l’Arsenal de Verdun, au cœur d’un quartier populaire, tout près du quartier Saint-Henri de la misère ?

 

Autour de cette cage dorée où sont enfermés ces quelques dizaines d’invités à mille dollars le couvert, les dames au décolleté ravageur, les gros bonnets en complet cravate, ceux qui vivent en s’accaparant la plus-value ouvrière, en spéculant à la bourse et en flouant les gouvernements qui leur sont assujettis, s’épandent quatre rangées de piétaille armée. D’abord les fiers à bras de sécurité privée chargée de tenir loin les enfants et leurs parents trop pauvres pour se payer ces agapes. Quelques mètres plus loin, engoncés dans leurs armures de robocops, dos aux invités, l’armée de réserve des policiers masqués de la SQ. Cent mètres plus loin, la troisième rangée d’estafettes grassement payées, matraque au poing prêtes à cogner sur les adolescents trop entreprenants; et enfin un quatrième contingent de policiers mobiles chargés d’effectuer les arrestations « préventives » sur présomption de dangerosité… Vous savez ces gens portant le carré rouge, le policier ne sait jamais ce que pense l’homme au carré rouge.

 

Interdiction de manifester à Montréal et dans les rues du Québec, la nouvelle vient de tomber.

Le plein poids de la loi 78 s’est abattu sur les quelques centaines d’adolescents rassemblés à une intersection de la ville ce vendredi 7 juin 2012 à 18 h 00. Les quelque trois cent jeunes regroupés, prêts à manifester et déjà suspectés et condamnés ont été encerclés par la meute hurlante des policiers masqués, vitupérant, frappant, arraisonnant, appréhendant quelques adolescents au hasard de leur apparence, de leur profil racial ou social, tout cela étant parfaitement illégal selon leurs lois bourgeoises. Mais la loi bourgeoise n’est pas faite pour la justice et la liberté, elle a été forgée pour maintenir l’illusion de l’équité et si elle pêche et empêche d’arraisonner, alors l’État policier la met sous le boisseau et matraque à vau-l’eau. Ce soir l’hydre fasciste a retiré son masque et exposé son visage hideux que le commentateur de la télé recouvre de son approbation flagorneuse.

 

FESTIVITÉS FRIVOLLES ET ARRESTATIONS MUSCLÉS

 

Les policiers déchaînés, menottent et fouillent sans raison toutes ces gens qui n’ont pas encore commencé à manifester. La souricière bien cadenassée, la flicaille pourfend les rangs des « pas encore manifestants » pour appréhender le récalcitrant, celui qui semble plus révolté que les autres face à l’injustice de la police; celle qui semble avoir plus soif que les autres de justice. Ce soir le monopole de la violence légale de l’État bourgeois s’étale à la face de ceux qui devraient être effrayés et qui pourtant ne le sont pas.

 

Ils ont eu froid dans le dos, mais, finalement, les riches et leurs affidés ont festoyé. Le chef d’antenne gardera son emploi et son patron aura sa réception. Le petit journaliste anxieux s’en informa d’ailleurs auprès de son cancre de service; son porte-voix sur place confirma que les clameurs des coups de matraque de l’extérieur ne perturbaient nullement les millionnaires venus fêter le dictateur de la Formule 1, Eaglestone savourant sa victoire et réclamant de ses suzerains l’obole qu’il exige pour revenir parader l’an prochain (23 millions de dollars supplémentaires aux 75 millions déjà versés) (1).

 

Les étudiants paieront davantage pour s’instruire et Eaglestone recevra davantage pour venir s’afficher avec ses poulains et ses catins grimées, en ce lieu stigmatisé, juste après s’être déshonoré au Bahreïn sous la protection de l’armée d’occupation d’un roi de la tribu Saoudienne. À Montréal, le gouverneur de la colonie s’appelle Tremblay et il s’agite à rassembler la rançon exigée par le poltron Bernie le NAZI tandis que l’adjudant implore les manifestants de ne pas gâcher le party des puissants.

 

Détrompez-vous, ce n’est pas pour la Formule Un, ni pour le droit d’afficher sa soumission que la flicaille s’encanaille ce soir. Ce qui est en jeu est bien plus sérieux. C’est pour défendre la dictature des riches et leur droit de s’amuser – champagne et caviar à volonté – pour le droit de pavaner en Ferrari et grosses cylindrées, d’afficher leur opulence et leur arrogance sans être dérangés par la populace appauvrie et enragée que la police est mobilisée et qu’elle remplit sa charge au service de ses maîtres (2).

 

LE DERNIER REMPART

 

Les troupes policières représentent le dernier rempart entre la nouvelle aristocratie qui possède, festoie et prospère et les représentants du peuple qui sont invités à retourner à leur besogne, vendre leur force de travail, peiner, étudier pour devenir chômeurs non assurés. Les médias à la solde ont charge de faire accepter la répression des libertés et cette dichotomie sociale comme normale et inéluctable. Vous les pauvres, contemplez les riches, vous pouvez les envier mais pas les molester. Allez, circulez vers vos quartiers de pauvreté, vous avez assez contemplé ceux que Dieu a désignés pour vous commander.

 

N’ayez crainte, piétaille et flicaille, entourez bien vos maîtres et protégez les bien pendant que nous vous assiégeons pour vous afficher notre dédain d’ouvriers dépouillés, maltraités, taxés, imposés, chassés des hôpitaux, des centres d’assurance chômage, des universités privatisées et de tous les centres de services publics… nous reviendrons plus nombreux, plus déterminés.

 

 

 

(1) https://gaetanpelletier.wordpress.com/2009/11/30/f1-et-on-nous-roule-a-montreal/

(2) http://video.eurosport.fr/formule-1/news-gp-canada_vid235344/video.shtml

 

http://www.alterinfo.net

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