Abdelaziz Bouteflika à Tunis samedi 14 janvier

Alger tente de se positionner dans la nouvelle donne politique maghrébine

Thara Elhani

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Bouteflika va célébrer l’anniversaire de la révolution tunisienne, qui a chassé du pouvoir Ben Ali et son clan le 14 janvier 2011. Un communiqué de la présidence tunisienne a annoncé son déplacement samedi prochain à Tunis. Après quelques petits accrochages suite au positionnement diplomatique et à certaines déclarations du président tunisien qui sont apparues comme une succession de petits affronts à l’Algérie et qui ont largement été commentées comme telles dans la presse algérienne et tunisienne, les deux pays semblent faire en sorte de normaliser leurs rapports : « Les relations historiques et stratégiques qui relient nos deux pays sont anciennes », écrit le palais de Carthage dans son communiqué.

Pour sa part, Abdelaziz Bouteflika, en se rendant samedi prochain à Tunis, « prend acte d’un nouveau contexte ; par son déplacement personnel, il indique qu’il ne peut pas y avoir d’unification du Maghreb au détriment d’Alger », explique Mohamed Chafik Mesbah. Même s’il est « très critique vis‑à‑vis de la diplomatie algérienne en général », le politologue juge l’initiative de ce déplacement « correcte ». « Il s’agit d’un réajustement pragmatique. Mais cela n’implique en aucune manière un changement de l’opinion de Bouteflika sur le printemps arabe, qu’il considère comme un mouvement soutenu avant tout par des mains étrangères et qui ne concernera pas l’Algérie.  C'est du moins ce que ressassent tous ses plus proches collaborateurs ».

Realpolitik à l’œuvre

En fait, cette visite renoue avec la démarche originelle de l’Algérie d’une diplomatie pragmatique, de relation d’État à État. Et ce pragmatisme est à interpréter par une grille qui doit nécessairement prendre en compte la nouvelle donne islamiste dans la région, dont les différentes mouvances sont aux manettes à présent en Tunisie, en Libye, en Égypte et au Maroc. Bouteflika sait qu’une majorité islamiste en Algérie est un scénario plus que probable. « Je ne nie pas qu’il y ait un contentieux entre l’Algérie et la Tunisie et donc une volonté de normaliser les relations », poursuit Chafik Mesbah. « Mais cette visite est surtout l’occasion de dire que l’Algérie n’a pas d’appréhension par rapport à la majorité islamiste en Tunisie », commente‑t‑il.

Pour le politologue, en poussant le raisonnement à l’extrême, on peut même dire que cette visite est une façon symbolique, pour le pouvoir algérien, de répéter, comme plusieurs hauts responsables politiques l’ont fait pendant toute la fin de l’année 2011, qu’il n’a pas peur d’une arrivée au pouvoir des islamistes en Algérie. « Le président a eu l’intelligence de comprendre que si on observe la société algérienne, il y a clairement une majorité islamiste qui se profile. Indépendamment des considérations idéologiques, l’idéal pour lui serait donc de favoriser cette majorité. Vis‑à‑vis des partenaires étrangers, faire parvenir les islamistes à la tête du pays dans des conditions démocratiques lui permettrait de clore le dossier de la décennie quatre‑vingt‑dix. C’est une démarche qui agrée les partenaires occidentaux ».

Si un tel scénario ne se produit pas nécessairement lors des prochaines élections législatives, mais peut‑être lors de la présidentielle, dans tous les cas, le processus est engagé. Dans ce contexte, la nomination d’Abdelkader Hadjar, poids lourd de la diplomatie algérienne – auparavant en poste au Caire – comme nouvel ambassadeur de l’Algérie à Tunis, est un évènement important. « Un ambassadeur les pieds ancrés dans la civilisation arabo‑islamique, maniant parfaitement la langue arabe et entretenant des rapports directs avec le chef de l’État, c’est le moins que l’on puisse faire pour la Tunisie actuellement. C’est la personne la plus indiquée pour nouer des relations avec Ennahda, qui représente de fait le futur de la Tunisie. Sa nomination répond surtout à cet impératif », décrypte Chafik Mesbah.

http://www.tsa-algerie.com

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