Et pendant ce temps-là, en Libye….

Louis Denghien

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Il est intéressant de garder un oeil sur la Libye, laboratoire de reformatage du monde arabe par la confédération euro-américaine, et modèle opératoire pour une ingérence en Syrie. Or, plus de deux mois après la chute et la mort du colonel Kadhafi, la situation est rien moins que stable. Mardi 3 janvier, des combats entre factions rivales – et ex-rebelles – ont animé certains quartiers de Tripoli faisant au moins quatre tués et cinq blessés, selon le chef du « Conseil militaire » de la ville, l’ex-compagnon de route de Ben Laden Abdelhakim Belhaj. Qui précise que les affrontement opposaient un groupe originaire de Misrata (215 km à l’est de Tripoli) et des membres du conseil militaire de Tripoli. Belhaj a assuré que les personnes incriminées – les misratistes ? – avaient été arrêtées et seraient déférées devant les tribunaux. De son côté, un subordonné de Belhaj a expliqué que l’origine des incidents était l’arrestation d’un combattant de Misrata en état d’ébriété, ce qui aurait entraîné une riposte – à l’arme lourde – de ses camarades. Mais les misratistes ont leur version des faits : une arrestation d’un ancien membre des forces kadhafistes qui aurait dégénéré. Ce qui est sûr, c’est que les journalistes de l’AFP ont parlé d’affrontements, impliquant notamment des RPG et même des canons anti-aériens, dans le centre-ville. Et de fait, la tension persistait dans la soirée, plusieurs quartiers de Tripoli étant fermés à la circulation. Un ballet d’ambulances entre les lieux des heurts et l’hôpital Zaouia a également été observé.

Anarchie milicienne ?

L’incident est clos ? Celui-ci, peut-être, mais il n’est qu’un révélateur parmi d’autres d’un climat assez malsain prévalant dans la Libye « libérée » par l’OTAN et Sarkozy : le correspondant de l’AFP Imed Lamloum indique que le CNT « peine » à dissoudre les milices issues de la lutte contre Kadhafi et qui « font la loi dans le pays« . Un certain nombre d’entre elles se sont installées dans d’anciens bâtiments publics de l’ancienne administration, et imposent leurs propres points de contrôle dans Tripoli. Or, précise Lamloum, ces groupes disposent « d’importants stocks d’armes légère et lourdes« , puisées dans les arsenaux de l’ancien régime. Le 11 décembre, des combats avaient déjà opposé des éléments de la nouvelle armée régulière à des miliciens pour le contrôle de l’aéroport de Tripoli.

Tout récemment, le ministre de l’Intérieur CNT a annoncé l’incorporation de 50 000 « anciens combattants » des forces rebelles au sein de la nouvelle armée et de fores de sécurité. Et quid des anciens militaires réguliers, soldats et officiers ? Vont-ils jouer les « demi-soldes », vont-ils entrer en dissidence armée ?

Si l’on ajoute que d’importantes tribus de Tripolitaine se considèrent comme orphelines de Kadhafi, et en état de méfiance armée vis-à-vis du nouveau régime, méfiance qui se superpose à l’ancienne rivalité entre Tripolitains et Cyrénaïques ; si l’on  prend en compte les tendances islamistes radicales qui risquent d’entrer en conflit avec les éléments plus modérés du CNT, on est fondé à considérer que l’avenir est lourd de menaces en Libye.

En tout cas, les Etats-Unis ont cru devoir exprimer leur inquiétude après les accrochages de mardi à Tripoli. Et c’est vrai que l’administration Obama n’a pas envie de se payer une nouvelle situation à l’irakienne, dans un pays voisin d’une Egypte elle aussi imprévisible. Ca leur pend néanmoins au nez…

Info Syrie

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